L’Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) et la CNAM ont signé comme prévu l’avenant 20 à la convention pharmaceutique qui précise les modalités de mise en œuvre de la dispensation adaptée en officine, à compter du 1er juillet.
La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) a refusé de son côté de parapher cet accord qualifié d'« arnaque » qui « nous recale dans un rôle comptable, sous couvert d’observance et de prévention de la iatrogénie ».
Traitements à posologie variable dans 22 classes
Sur le papier, l’objectif de cette intervention pharmaceutique (IP), réalisée « à la ligne », est d’inciter le pharmacien à ajuster la dispensation d’un médicament pour « s’assurer de la délivrance de la quantité pertinente nécessaire au traitement du patient ». Objectifs : s’assurer de la bonne observance des traitements prescrits, éviter tout risque de mésusage, lutter contre la iatrogénie médicamenteuse et le gaspillage. Et si possible faire quelques économies...
Face aux critiques des médecins libéraux qui ont agité le spectre d'un pharmacien « censeur », la CNAM fait valoir que la dispensation adaptée « respecte la prescription médicale ». « L’intervention pharmaceutique concerne uniquement des traitements dont la posologie peut être ajustée, en fonction des symptômes perçus par le patient et de sa libre appréciation, en respectant l’objectif thérapeutique. 22 classes thérapeutiques ont ainsi été incluses dans l’accord, comme le paracétamol, les médicaments des troubles du transit ou encore les antiseptiques et désinfectants », explique la caisse.
En décembre dernier, lors d'une commission paritaire nationale (CPN) avec les médecins libéraux, la CNAM avait exposé ses intentions aux praticiens. « La dispensation adaptée n'est pas une modification ou une adaptation de la prescription médicale ni d'un point de vue de la posologie, ni de la durée du traitement, ni des molécules prescrites », lit-on dans le document. Lors de la dispensation, le pharmacien conforte le message donné par le prescripteur sur les précautions d’emploi et la juste posologie nécessaire qui peut être adaptée en fonction de la situation du patient. »
Une ROSP associée
Les officinaux seront incités financièrement à ce mécanisme de dispensation adaptée. Si elle contribue à faire diminuer les volumes de boîtes délivrés, une part des économies sera reversée aux officines, sous la forme d’une rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP). Les premiers paiements sont prévus à l’été 2021. À l’issue d'une période de deux ans, un bilan sera réalisé pour en évaluer l’impact et l’efficacité.
Les syndicats médicaux ont toujours affiché leur méfiance et même leur agacement. « On comprend que les médicaments puissent finir au fond du placard et que cela a un coût. Mais plutôt que de donner le pouvoir au pharmacien de décider, nous pourrions indiquer le nombre de boîtes à délivrer », écrivait le Dr Philippe Vermesch, président du SML, dans un éditorial.
Risque de dérives
Du côté des généralistes de la CSMF, l'accueil est également négatif. « Il y a un vrai risque de dresser les deux professions de santé les unes contre les autres », déplore ce jeudi le Dr Luc Duquesnel, président du syndicat. Le généraliste de Mayenne souligne que ces enjeux de prescription et d'observance doivent être traités dans un cadre interpro et coordonné. « Là, c'est la porte ouverte à des choses intelligentes si c'est protocolisé mais aussi à toutes les dérives. Cela risque de mal se passer dans certains territoires. »
Pour le président de MG France, joint également ce jeudi, la dispensation adaptée en pharmacie « ne présente qu'un intérêt limité en termes d'économies et de santé publique ». Si le Dr Battistoni n'émet « pas d'objection catégorique » au principe consistant à donner un peu de latitude aux pharmaciens (« elle existe déjà »), il sera vigilant sur l'application. « Il ne s'agit pas de faire n'importe quoi, explique-t-il, ni d'ouvrir la porte à d'autres catégories de médicaments. »
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