Un nouvel antiépileptique en adjuvant

Le cénobamate testé dans les crises focales

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Publié le 09/06/2020
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Deux essais cliniques suggèrent que le cénobamate est une option efficace et bien tolérée en adjuvant dans les crises focales d'épilepsie de l'adulte.

Crédit photo : Phanie

Comment améliorer la prise en charge des crises focales d'épilepsie persistantes malgré les traitements disponibles ? Le cénobamate, développé en Europe par la société Arvelle Therapeutics, pourrait être une option supplémentaire. C'est ce que suggèrent de récents résultats dans « Neurology » (1) et dans « Epilepsia » (2), issus respectivement d'un essai de phase 2 randomisé double aveugle et d'un rapport intermédiaire de tolérance d'une étude de phase 3 en ouvert.

Environ 40 % des patients adultes atteints d'épilepsie focale ne sont pas libres de crises malgré un traitement comportant deux médicaments anti-crises. Le cénobamate, commercialisé aux États-Unis par SK Biopharmaceuticals sous le nom de Xcopri pour le traitement des crises partielles, est en cours d'évaluation pour l'autorisation de mise sur le marché en Europe depuis mars 2020.

Le cénobamate a un double mécanisme d'action complémentaire : il améliore les courants inhibiteurs via la modulation des récepteurs GABAA en se liant à un site différent de celui des benzodiazépines et il réduit les courants excitateurs en inhibant le courant sodique persistant et en renforçant l'état inactivé des canaux sodiques voltage-dépendants.

Un arrêt des crises chez 28 % des patients traités

Dans l'essai publié dans « Neurology », 222 patients adultes non contrôlés par un à trois médicaments (en moyenne 6,5 crises/mois) ont été randomisés entre le groupe placebo et le groupe cénobamate, qui recevait 200 mg de la molécule par jour pendant 12 semaines, six de titration et six autres de maintenance.

Dans cet essai, la variation en pourcentage de la fréquence médiane des crises par période de 28 jours (critère principal) était significativement réduite avec le cénobamate par rapport au placebo (56 % versus 22 %) et le taux de patients présentant une réduction de 50 % ou plus de la fréquence des crises dans le groupe cénobamate par rapport au groupe placebo (50 % versus 22 %).

Un taux de rétention élevé à six mois

De plus, lors d'analyses post-hoc de la phase de maintenance, 28 % du groupe cénobamate ont rapporté un arrêt des crises (zéro crise) pendant la phase de maintenance contre 9 % du groupe placebo (p=0,0001). Des taux significativement plus élevés de patients atteignant une réduction des crises ont été également rapportés par rapport au placebo, à la fois pour une diminution ≥ 75 % (39 % versus 21 %) et ≥ 90 % (34 % versus 9 %).

Pour ce qui est de la tolérance, ont été rapportés dans les deux groupes des événements indésirables à type de somnolence, de vertiges, de maux de tête, de nausées et de fatigue. Observation notable, le taux de rétention à six mois semble élevé, de 83 % dans le rapport intermédiaire (2). Dans cet essai, aucun syndrome d'hypersensibilité médicamenteuse avec éosinophilie symptômes systémiques (DREES) n'a été signalé jusque-là.

(1) Chung SS et al. Neurology, 14 mai 2020. doi.org/10.1212/WNL.0000000000009530
(2) Sperling ME et al. Epilepsia, 12 mai 2020. doi.org/10.1111/epi.16525

Dr Irène Drogou

Source : Le Quotidien du médecin