Après une année 2020 morose, les pharmacies reprennent des couleurs. Automédication, compléments alimentaires et dispositifs médicaux : le marché du sans-ordonnance a progressé, dans son ensemble, de 7,1 % en 2021, selon le baromètre annuel dévoilé jeudi par Nères (ex Afipa, l'association des industriels du secteur).
Selon les chiffres de 11 500 officines collectées par l'entreprise d'analyse de données de vente en pharmacie, OpenHealth, « pour la première fois, le marché des médicaments à prescription médicale facultative représente moins de 50 % en valeur du secteur » de la vente sans ordonnance, précise Nicolas Grelaud, directeur des opérations chez OpenHealth. Aussi, le dispositif médical gagne progressivement du terrain, au détriment de l’automédication. Il enregistre ainsi une croissance (en valeur) de 15,3 % en 2021, les compléments alimentaires de 10,4 % et l’automédication de 2,2 %.
Système digestif, douleur et système respiratoire : « le marché a bénéficié du retour des pathologies hivernales à la fin de l’année 2021 », détaille Nicolas Grelaud. Ces trois domaines concentrent à eux seuls 54 % du marché de l’automédication en officine, derrière les soins de la peau et l’homéopathie. Au total, 305 millions de dispensations sans ordonnance ont été réalisées en officine cette année.
« Pharmacy first »
Nérès note une tendance de fond cette année : les médicaments à prescription médicale facultative sont de plus en plus achetés sans ordonnance. Antalgiques, antispasmodiques... 60 % de ces médicaments disponibles sans ordonnance sont prescrits, un chiffre qui décroche de 6 points cette année. « Notre hypothèse est que, dans un contexte pandémique, les Français ont davantage développé le réflexe de l’automédication, avance Luc Besançon délégué général de Nérès. Ils privilégient le passage en pharmacie plutôt que d'aller chez leur généraliste ».
Nérès continue de pousser pour l’automédication et le recours au pharmacien, en mettant en avant un chiffre : « nos produits permettent au médecin généraliste d’économiser 2,4 heures de temps médical par jour », avance Luc Besançon, citant une étude commandée par l’Association européenne des spécialités pharmaceutiques grand public. Pour la présidentielle 2022, Nérès souhaite le renforcement « du pharmacien », à travers « une communication active en s’inspirant de plusieurs pays notamment le Royaume-Uni et sa campagne « Think Pharmacy [First] » (« Pensez à la pharmacie [en premier] ».
-33 % sur l'homéopathie
Autre fait marquant : après l'arrêt du remboursement en janvier 2021, le marché de l’homéopathie décroche. Mais uniquement du côté des granules sur prescription. Ainsi, l’homéopathie prescrite chute de 74 % en une année, alors que la dispensation d’homéopathie sans ordonnance augmente, elle, de 45 %. « On observe un transfert de l’homéopathie sur ordonnance vers le hors prescription, certains patients sont restés fidèles à ces produits-là » analyse Nicolas Grelaud. Au total, le marché de l’homéopathie chiffre à 216 millions en 2021, pour une baisse totale de 33 %. Boiron reste l’un des principaux porteurs de croissance en officine, revigoré par ses ventes de tests Covid en 2021.
Les produits de « prévention » (sommeil, stress, vitalité, système circulatoire… ) poursuivent quant à leur croissance, au détriment du « curatif ». « Une tendance de fond en France depuis plusieurs années », analyse Nicolas Grelaud. Ces produits ont gagné plus de cinq points de part de marché sur les quatre dernières années et pèsent désormais pour 40 % des achats.
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