« Depuis sa création, en 2005, l’ECDC s’est livrée à tant d’exercices et de simulations que l’ambiance, après l’activation, vendredi dernier, de la cellule de crise, présente un goût de déjà-vu », se félicite le Dr Denis Coulombier, soulignant que ses équipes se sont mises à l’uvre « au quart de tour et sans frénésie particulière : tous les collaborateurs ont été rappelés au siège, à Stockholm, et ce sont des équipes de 12 personnes qui se relayent 24 heures sur 24 depuis lundi pour assurer le suivi en temps de réel de toutes les informations en provenance des différentes régions du monde. Puisque chaque gouvernement gère ses propres stocks de Tamiflu et applique ses règles nationales en matière de circulation des personnes et des biens, notre objectif vise à ce que, par notre intermédiaire, il puisse le faire sur la base des mêmes expertises scientifiques et en s’échangeant toutes les informations sur les mesures adoptées par chacun des autres États-membres. » L’expertise scientifique de l’ECDC s’étend à la mise au point d’outils communs, comme l’élaboration, par son laboratoire situé au Royaume-Uni, d’un test diagnostique PCR qui permet d’identifier plus vite la carte génétique, un « primer », comme l’appellent les Américains.
Tous les matins à 11 heures, une téléconférence réunit les responsables des 27 administrations de la santé. Dès lundi, la commissaire à la santé Androulla Vassiliou avait exprimé le souhait que tous les ministres se réunissent à Bruxelles. La présidence tchèque a décidé de les convoquer pour demain après-midi. D’ici là, à partir des informations collectées notamment par l’ECDC, la Commission va s’efforcer de réunir des éléments de réponses sur des questions qui restent actuellement sans réponses : « Il est en particulier capital de comprendre pourquoi les cas mexicains semblent beaucoup plus graves que ceux qui ont été repérés aux États-Unis, souligne le Dr Coulombier. S’est-il combiné avec un élément qui a ensuite disparu ? Est-ce lié à un biais de sélection ? Ou bien faut-il croire que la virulence de ce virus H1N1 aurait décru ? Ce serait évidemment une bonne nouvelle. »
Pour l’heure, le directeur de l’unité de préparation et de réponse aux crises observe que la grippe saisonnière est en cours d’extinction dans l’hémisphère nord, ce qui devrait être de nature à y réduire les risques pandémiques. Si ceux-ci devaient être a contrario majorés dans l’hémisphère sud, les pays européens disposeraient alors de six mois pour élaborer des parades thérapeutiques et prophylactiques appropriées. D’ici là, on pourrait imaginer une mutualisation des moyens qui, aujourd’hui se limitent encore à la circulation de l’information.
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