Ces trois dernières années, un milliard d’euros d’économies ont été dégagés grâce à l’utilisation des médicaments biosimilaires en ville, selon une étude du GERS pour le compte du laboratoire Sandoz. Et depuis 2008, ce sont même 1,4 milliard d’euros d’économies qui ont été réalisés via la délivrance en ville des biosimilaires.
Ces « copies » des médicaments biologiques sont commercialisées en moyenne 40 % moins cher que leur princeps. L’adalimumab, l’étanercept – et à moindre mesure le pegfilgrastim et l’époétine alfa – ont été particulièrement générateurs d’économies pour les comptes de l’Assurance-maladie, précise le GERS.
Baisses de prix
« Ces économies s’expliquent en partie par les baisses de prix appliquées régulièrement sur les biosimilaires et leur référent », analyse Christelle Nicolle, consultante pour GERS Data. À la perte du brevet, le médicament biologique de référence perd presque automatiquement 20 % de son prix. Puis, des rabais sont progressivement appliqués sur le biosimilaires et son princeps. Alors que les médicaments biologiques en rhumatologie ou oncologie sont systématiquement classés dans le top 3 des thérapies les plus onéreuses, « l’arrivée de biosimilaires permet de faire baisser les coûts, et pour l’Assurance-maladie de pouvoir rembourser d’autres produits innovants », commente le Dr Éric Senbel, rhumatologue libéral.
Néanmoins, 15 ans après la mise sur le marché du premier biosimilaire en France, le taux de pénétration en ville reste à la traîne : 27 % (contre plus de 70 % à l’hôpital). Bien loin de l'objectif de 80 % de molécules biologiques interchangées, visé par la stratégie nationale santé pour 2022.
Les spécialistes, meilleurs élèves ?
Pour dresser un état des lieux de la pénétration des biosimilaires, le GERS a comparé les données de substitution des médicaments biologiques à son cousin le générique. À date, 84 % des princeps sont remplacés par des génériques en ville. Un taux qui masque des disparités en fonction des spécialités. « Les génériques par voie orale ont un taux de pénétration de 84,6 %, contre seulement 60 % pour les injectables », souligne Christelle Nicolle.
Fort de ce constat, le GERS a cherché à savoir si de telles différences s’observaient également du côté des biosimilaires. Et effectivement, dans le cas des molécules prescrites exclusivement par un spécialiste, le taux de pénétration des médicaments biosimilaires atteint 62 %, contre à peine 20 % pour les biosimilaires à disposition du généraliste (insuline glargine, énoxaparine et tériparatide).
Pour aller plus loin, l’étude a appliqué au marché des biosimilaires des conditions de substitution identique à celle des génériques, comme la substitution en officine par exemple. Et cette projection révèle qu’étonnamment, pour les molécules prescrites par des spécialistes, « peu d’économies supplémentaires auraient pu être réalisées en se calquant sur le modèle du générique, de l’ordre de 5 millions d’euros sur 13 ans » – une broutille – analyse Christelle Nicolle. À l’inverse, une économie « significative » de 30 millions d’euros aurait pu être dégagée du côté des biosimilaires accessibles au généraliste.
Un système d'intéressement dans l'avenant 9
Laboratoire et professionnels de santé s’accordent pour doper les incitations à la prescription de biosimilaires. Du côté des spécialistes libéraux, « nous demandons à pouvoir initier des traitements biosimilaires. Au lieu de passer d’abord par une primoprescription hospitalière. C’est obsolète et aberrant », avance le Dr Senbel. Le rhumatologue salue tout de même le changement de braquet de l’Assurance-maladie, avec l’introduction dans l’avenant 9 d’un mécanisme d’incitation à la prescription pour les libéraux. « Les libéraux vont enfin pouvoir avoir le droit à ce dispositif d’intéressement, déjà mis en place à l’hôpital. On a perdu du temps; »
En pratique, à partir du printemps prochain, les prescriptions de biosimilaires seront récompensées. Un intéressement sera versé par la Sécu au médecin, basé sur les économies en année pleine sur le coût d’un traitement. Une prime qui ne pourra excéder 7 000 euros par an – toutes molécules confondues – par médecin. Six substances sont concernées en ville : étanercept, adalimumab, follitropine alfa, énoxaparine, tériparatide et insuline asparte, précise l'avenant.
Substitution par le pharmacien
Seconde proposition pour booster le recours aux biosimilaires, avancée depuis plusieurs années par certains industriels et représentants d’officinaux : la possibilité donnée au pharmacien de substituer directement au comptoir un médicament biologique prescrit.
Introduite dans la loi de financement de la Sécurité sociale… en 2014, cette mesure avait ensuite été supprimée dans la loi de 2020, pour être réintroduite dans ce PLFSS 2022 . L’article 39 du projet de loi rétablit ainsi la possibilité pour le pharmacien de substituer un médicament biologique prescrit. Sous certaines conditions, le biosimilaire ne pouvant être délivré en cas de mention « non substituable » sur l’ordonnance par exemple.
Toutefois, La proposition reste controversée. « La substitution générale par le pharmacien relève d’une vision court-termiste et n’est pas envisageable pour tous les traitements, toutes les pathologies », avance Mireille Saliba, présidente de Sandoz France. Elle rappelle que « seulement 3 % des pharmaciens considèrent qu’ils ont une bonne connaissance des biosimilaires ». Elle plaide pour que les officinaux accompagnent leurs patients sous biosimilaires via « des entretiens pharmaceutiques rémunérés ».
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