À la fin du mois d'août, le laboratoire MSD annonçait une rupture de stock prolongée de certains dosages de la spécialité Sinemet (lévodopa/carbidopa), médicament indiqué dans le traitement symptomatique de la maladie de Parkinson. En réaction l'agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) vient d'annoncer la mise en place d'un plan d’actions « afin d’éviter toute interruption de traitement chez les patients concernés ».
Les patients invités à consulter
Les patients actuellement traités par Sinemet sont invités à consulter leur médecin traitant afin qu’il évalue au cas par cas la conduite à tenir. L'agence précise que seules les spécialités Sinemet 100 mg/10 mg, Sinemet 250 mg/25 mg, et Sinemet LP 200 mg/50 mg à libération prolongée sont susceptibles de connaître une rupture de stock. « Il n’y a pas de rupture de stock attendue pour la spécialité SINEMET LP 100 mg/25 mg, comprimé à libération prolongée », précise l'ANSM.
Les centres experts dans la maladie de Parkinson, la Société française de neurologie et la Société francophone des mouvements anormaux ont été sollicités pour élaborer des recommandations de prise en charge des patients. Pour les initiations de traitement par lévodopa, les médecins sont invités à prescrire préférentiellement un traitement à base de lévodopa/bensérazide : Modopar (commercialisé par Roche) ou ses génériques.
Pour les patients déjà traités par Sinemet, l'ANSM préconise un générique de Sinemet à base de lévodopa/carbidopa ou bien une spécialité à base de lévodopa/bensérazide (Modopar ou ses génériques). Ces changements de spécialité ne peuvent se faire qu'à la condition expresse de prescrire la même dose de lévodopa totale quotidienne. Le nombre de prises et leur répartition sur la journée doivent être identiques, la forme galénique doit être la même. Une forme à libération immédiate ne peut être remplacée que par une forme à libération immédiate et une forme à libération prolongée (LP) ne peut être remplacée que par une forme LP. Enfin, la forme dispersible du Modopar 125 ne doit pas être utilisée en relais d’une forme à libération immédiate ou prolongée.
Le collectif Parkinson sur les dents
Les ruptures de stock ont débuté fin août 2018 et devraient se poursuivre jusqu’en mars 2019. Une durée « sans précédent qui nous paraît folle », juge la directrice de France Parkinson Florence Delamoye, qui rappelle au « Quotidien » que les malades ont enduré des ruptures de stocks régulièrement aux fils des années. « Entre novembre 2017 et février 2018, nous avons connu quelques mois difficile car Sinemet et Edopar étaient tous les deux en rupture de stock », souligne-t-elle.
En dehors de Modopar et de Sinemet, la seule autre association disponible de lévodopa et de carbidosa est la version générique commercialisée par Teva. « C'est une solution qui devrait tenir quelques mois, mais certains patients ne supportent pas le générique car les excipients ne sont pas les mêmes », poursuit-elle.
L’ANSM précise de plus que les génériques de Sinemet « sont distribués en quantité limitée par le laboratoire TEVA aux grossistes-répartiteurs, pour diminuer le risque de rupture que pourraient susciter des reports de prescription vers ces spécialités ».
Rapport au Sénat fin septembre
Dans un communiqué commun, les associations du collectif Parkinson dénoncent une « situation préoccupante » et une rupture de stock « inadmissible ». Elles interpellent la ministre de la Santé, Agnès Buzyn sur la multiplication des épisodes de rupture de stock. « Des sanctions financières seront-elles appliquées aux laboratoires dont les plans de gestion des pénuries ne permettent pas d'apporter aux malades les soins thérapeutiques dont ils ont besoin », questionnent-ils ?
En 2017, les signalements de rupture de stock de médicaments ont augmenté de 30 %. Le 27 septembre prochain, la commission des affaires sociales du Sénat doit examiner le rapport du Sénateur du Nord Jean-Pierre Decool, dans le cadre d'une mission d'information sur la pénurie de médicament. « Nous attendons des propositions qui nous permettent de sortir de cette prise d'otage des malades », espère Florence Delamoye.
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