Le sémillant Pierre Tattevin, de l’hôpital Pontchaillou (CHU Rennes), a plaidé pour les interventions visant à réduire les durées d’antibiothérapie, avec l’argumentaire suivant :
– La littérature médicale s’enrichit nettement en études randomisées de qualité qui démontrent que de nombreuses infections peuvent être traitées par des antibiothérapies courtes. Au fil des années, il a été prouvé qu’on pouvait se contenter de 3 jours d’antibiothérapie pour les pneumopathies aiguës communautaires de l’enfant (1), et de l’adulte (2), de 4 jours pour les infections intra-abdominales opérées (3), de 7 jours pour les pyélonéphrites aiguës même bactériémiques (4), de 8 jours pour les pneumopathies acquises sous ventilation mécanique (5), et de 6 semaines jours pour les spondylodiscites bactériennes (6).
– Les prescripteurs acceptent beaucoup plus facilement l’idée de raccourcir les durées d’antibiothérapie, que l’idée de ne pas prescrire d’antibiotiques, dans les situations de doute sur l’intérêt éventuel d’une antibiothérapie. On peut, certes, regretter la frilosité ambiante vis-à-vis de la non-prescription d’antibiotiques, mais celle-ci est réelle, du côté médical et du côté des patients, avec quelques justifications : i) on ne dispose encore que de peu de tests diagnostiques rapides qui permettraient de trancher ; ii) en cas d’infection grave, le retard d’instauration d’une antibiothérapie adaptée a des conséquences pronostiques indiscutables. Ce constat ne doit pas conduire à abandonner les actions en faveur de la non-prescription d’antibiotiques dans les multiples situations non graves où les antibiotiques n’ont pas d’intérêt, mais il incite à développer des interventions autres, notamment en faveur de durées raccourcies.
Des résultats à expliciter
Cela dit, si ces interventions en faveur d’antibiothérapies plus courtes semblent non risquées compte tenu de la solidité des preuves dont on dispose (études randomisées de qualité), et bien acceptées par les prescripteurs, il n’est pas certain qu’elles participent beaucoup à la réduction de l’émergence des bactéries multirésistantes. En effet, des données expérimentales suggèrent que la sélection de résistance sous antibiothérapie est un phénomène qui survient dès les tout premiers jours, et les multiples études randomisées portant sur les durées d’antibiothérapie – qui ont pourtant porté parfois sur plusieurs centaines de patients – n’ont jamais identifié de bénéfice des traitements courts sur l’émergence de résistance, ou de colite à Clostridium difficile. Il sera important de mieux étudier ce doute lors des prochaines études randomisées qui compareront des durées d’antibiothérapie.
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