Alors que l’Agence du médicament alerte depuis deux semaines sur « de fortes tensions » sur l’approvisionnement en amoxicilline, l’exécutif se veut e son côté rassurant. « Aujourd'hui, nos concitoyens qui se voient prescrire du paracétamol ou de l'amoxicilline se voient délivrer du paracétamol ou de l'amoxicilline. Qu'ils en soient rassurés », a lancé Roland Lescure, ministre délégué à l’Industrie, mardi, en réponse au député LFI Damien Maudet (Haute-Vienne), qui brandissait une boîte d'amoxicilline dans l'Hémicycle, lors de la séance des questions au gouvernement.
« Pour autant, existe-t-il des tensions sur le marché ? La réponse est oui », a reconnu Roland Lescure, estimant que le gouvernement fait le nécessaire. « Dès le mois de juillet 2022, nous avons contingenté les stocks au niveau des industriels pour distribuer équitablement aux pharmacies sur le territoire », a-t-il détaillé.
Interdiction de l'exportation
Alors que les risques de pénurie sont particulièrement inquiétants sur les formes pédiatriques d’amoxicilline, « depuis octobre 2022, les grossistes-répartiteurs ne peuvent plus exporter les médicaments en question et nous avons augmenté la production de paracétamol en France, avec des usines qui tournent aujourd'hui 24 heures sur 24 et sept jours sur sept », a détaillé le ministre. Par ailleurs, le projet de relocalisation du paracétamol est en cours, en Isère, avec « de premières livraisons en 2025 », a ajouté Roland Lescure.
En 2021, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) avait reçu 2 160 signalements de ruptures de stock et de risques de rupture, un chiffre qui tend à augmenter d'année en année. Les difficultés portent notamment sur des insulines et sur des antibiotiques. Après l'amoxicilline, la liste continue de s'allonger, avec l'annonce mardi de « tensions » autour d'un traitement de tumeurs de la vessie, le BCG Medac.
« Le laboratoire Medac explique ces tensions par une augmentation significative des prescriptions en 2022, ainsi qu'à des modifications apportées au site de production en vue de l'optimiser », détaille l'ANSM, annonçant autoriser de manière exceptionnelle l'importation depuis l'Inde d'un médicament de remplacement.
Quotas
Interrogé sur BFMTV, le député LFI François Ruffin a plaidé le même jour pour des « barrières douanières » afin de relocaliser la production de certains médicaments en difficulté. « Ce qu'il nous faut, c'est des quotas d'importation, des taxes aux frontières, des barrières douanières, si on veut reproduire une industrie du médicament », avance François Ruffin. L'importation des médicaments, à l'inverse, « produit aussi du déficit commercial » et « une pression constante sur la diminution des salaires », juge le député insoumis. « Tout le monde est perdant », souffle François Ruffin.
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