Monsieur,
Médecin, j’apprends par voie de presse et par DGS-Urgent la nouvelle indisponibilité de la molécule « Valsartan » pour des raisons industrielles… Tout cela est associé à différents conseils de prescriptions voire de mentions manuscrites à apporter à ces dernières.
Au vu de l’offre pléthorique de traitements antihypertenseurs et cardiologiques je ne suis pas trop inquiet pour ce qui concerne la suite à donner à mes patients. Cependant je trouve particulièrement anormal que votre organisme ne nous précise en rien quelle est la cause exacte de ce nouveau retrait, et si ce nouvel incident porte sur le princeps, ou sur les génériques de ce produit et dans ce cas lesquels expressément ? L’ANSM que vous dirigez gagnerait à mon sens en crédibilité à tous niveaux, à diffuser ces précisions de simple correction vers le corps médical concerné.
Il m’apparaît normal enfin de venir interpeller toute votre autorité sur un problème qui touche quelque part tous les médecins libéraux de notre pays et qui a trait à l’industrie pharmaceutique, encore une fois. Je veux parler des « ruptures de stocks », « défauts d’approvisionnement », « arrêts des chaînes de productions », concernant les médicaments disponibles, les expressions et les excuses ne manquent pas, et le nombre de ces incidents, aux données variables, se multiplie de façon exponentielle, jusqu’à dépasser actuellement le nombre de 500 par an : du jamais vu !
Et on ne sait plus vraiment où nous en sommes dans la mesure où il n’existe aucune explication rationnelle, cohérente, de logique, mais bien une efflorescence d’excuses qui confinent parfois au ridicule voire au Clochemerle… Chaîne de production « souillée » : arrêt pour un an ( ??! ). Manque de bouchons colorés : arrêt temporaire de 6 mois ( ??! ). Etc.
Quant à l’attitude de nos industriels vis-à-vis des médecins libéraux, c’est le silence total. On n’explique rien : pourquoi faire en effet ? Pourquoi se gêner ? Il n’y a pas, il n’y a plus… !!!!
Inertie, occultations, défausses...
Par ailleurs nous retombons ici dans le vaste problème des alertes sanitaires des médecins libéraux avec leurs administrations diverses… Et en allant de la périphérie vers l’administration centrale, nous retrouvons les inerties, les occultations diverses, et les défausses des responsabilités de tous.
L’Ordre des médecins qui a largement élargi sa palette d’intervention sur le vécu professionnel des médecins, est ici d’une discrétion totale. Les ARS sont tout aussi discrètes et aucun site d’ARS ne mentionne la moindre difficulté à ce titre alors qu’un relais local serait une bonne chose. La DGS n’existe tout simplement pas en ce chapitre comme en d’autres, à part les alertes DGS, mais sur le fond ? La HAS toujours emphatique et se voulant rigoriste n’est pas plus expressive sur ces problèmes, aucun grand dossier ne se penche sur la chose, ce qui n’est pas peu.
L’UNCAM quant à elle, ne manque pas à la règle du payeur aveugle et de la personne sourde, en étant d’un mutisme confondant sur ces errances de l’industrie pharmaceutique. On sait de manière quasi culturelle que l’UNCAM n’est pas soucieuse spécialement ni de la qualité intrinsèque des produits qu’elle rembourse, ni de leur distribution, ni de leurs prix, mais tout de même...
Quant à l’ASNM, elle réussit l’exploit sur son site de mentionner avec beaucoup de difficulté – il faut chercher beaucoup — l’expression « rupture de stocks des médicaments », sans qu’il y ait un dossier et un tableau général, régulièrement tenu à jour et consultable - facilement - par tout médecin en difficulté de prescription… ! Ne cherchons pas plus ici un avis sur la question, il n’y en a pas. Alors bien évidemment, on en arrive comme à l’ordinaire, dans ces conditions, à nous tourner vers le Ministère de la Santé, mais là encore sans réponse aucune.
Ne pensez-vous qu’il est largement temps ici de remettre de l’ordre dans ce dossier ? Ne convient-il pas de lancer un audit complet de toutes ces « défaillances » ? Si ce n’est pas là l’apanage de l’ANSM et toute sa spécificité, de qui d’autre ? Constat qui amènerait à établir des règles de gestion, de clarté, de correction pour tout dire, vers tous les acteurs de santé concernés. Le dossier de l’industrie pharmaceutique est déjà particulièrement embrouillé, et particulièrement en roue libre, sans qu’il soit nécessaire d’ajouter cette dernière cacophonie à l’ensemble.
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