La structuration à grande vitesse du système de santé chinois crée un gigantesque marché qui offre aux entreprises françaises de réelles opportunités d’affaires, notamment dans le domaine de l’innovation et de l’ingénierie médicale.
« Nos deux systèmes de santé sont entrés en mutation pour de longues années en raison de la transition démographique et de l’innovation technologique », a souligné Jean Debeaupuis, patron de la DGOS (direction générale de l’offre de soins) lors d’un colloque franco-chinois organisé il y a quelques jours à Paris par le ministère des Finances, la Banque publique d’investissement (Bpifrance), la Direction générale des entreprises (DGE) et l’Association des scientifiques chinois en France (Asicef).
Comment bâtir ce duo gagnant France/Chine dans l’innovation en santé ? Lors de ce colloque, des institutionnels et industriels ont exposé leurs attentes et les retours d’expérience des partenariats publics ou contrats d’affaires signés entre les deux pays depuis 20 ans. En août déjà, le forum chinois de la santé à Pékin avait permis aux autorités françaises de valoriser la vision hexagonale de la santé publique et de la gestion hospitalière.
Savoir-faire hospitalier, innovations
Les enjeux sont immenses. La Chine consacre aujourd’hui 12 % de ses dépenses publiques à la santé, ce qui correspond à 5 % de son PIB, soit 70 % de plus qu’il y a 10 ans, selon l’OMS. Une croissance qui ne devrait pas ralentir, les besoins étant loin d’être couverts dans ce pays de 1,4 milliard d’habitants.
Pour Félix Faucon, directeur adjoint à la DGOS, « la réforme engagée depuis 5 ans par les autorités chinoises est très marquée par la restructuration hospitalière ». Si le pays compte près de 15 000 hôpitaux (majoritairement publics), ce parc est appelé à croître rapidement, notamment grâce à l’offre privée en pleine structuration. Un marché titanesque dans lequel les entreprises françaises ont une carte à jouer (réalisation des infrastructures, gestion clé en mains, innovation technologique).
Comme le souligne Florent Surugue, responsable d’une PME française implantée en Chine qui fabrique des dispositifs médicaux, les Chinois sont « très friands d’innovation technologique ». Un secteur stratégique dans lequel les Français ont une expertise reconnue. Yun Qian, directeur de la communication de Mindray Medical France, entreprise chinoise d’équipements médicaux, précise que « le marché français est très important, car il représente un observatoire de l’innovation en raison de la grande créativité des médecins dans ce pays ».
Trouver les bons interlocuteurs, connaître l’environnement
Qu’il s’agisse d’industrie pharmaceutique (la Chine est le deuxième marché mondial du médicament), de télémédecine, de technologies de l’information ou de produits médicaux à forte valeur ajoutée, les coopérations et les opportunités de marché entre les deux pays sont légion.
Pour le Pr Dominique Charron, immunologiste et chef de pôle à l’AP-HP, il convient toutefois de « bien identifier les besoins de part et d’autre ainsi que les bons interlocuteurs en raison des différences importantes qui existent entre les structures de ces deux États ». Un conseil confirmé par Françoise Soussaline, PDG d’IMSTAR, une PME d’imagerie et de diagnostic. « Dans beaucoup de domaines de l’innovation médicale, l’offre française correspond aux besoins du marché chinois. La clé est de bien personnaliser son produit en fonction des réalités et des demandes sur place et de trouver le partenaire chinois adapté à sa distribution !».
Appui institutionnel
Les obstacles ne manquent pas : délais administratifs, coût de l’enregistrement des brevets, protection de l’investissement sont autant de défis pour les entreprises françaises qui veulent s’implanter en Chine.
Une solide connaissance de l’environnement et un appui institutionnel et financier sont indispensables à la réussite des projets, comme le rappelle Manuel Gea, responsable de plusieurs entreprises de biotechnologies. « Nous avons besoin de mieux comprendre ce pays et d’être épaulés par autorités et les investisseurs français pour nous y engager, car la Chine va devenir un marché de santé incontournable ».
Prochaine étape : le système d’assurance-maladie universelle annoncé pour 2020.
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