Alors que la pandémie a montré la faillite de la France et de l’Europe à assurer leur souveraineté sanitaire – 80 % des principes actifs de médicaments sont produits en dehors du sol européen – le gouvernement français a signé ce jeudi, avec quinzaine autres États membres, un manifeste pour reconstruire une autonomie européenne en matière de santé. Un travail mis en œuvre depuis septembre dernier, qui réunit pour l'heure notamment la Belgique, l’Italie, les Pays-Bas, la Hongrie, l’Espagne ou encore la Grèce.
Le texte, signé en présence d’Agnès Pannier-Runacher, ministre en charge de l’Industrie et du commissaire européen au marché intérieur, Thierry Breton, plaide pour une Europe de la santé « indépendante, compétitive et innovante ». Il acte le lancement d’un Pieec (projet important d’intérêt européen commun en santé) qui permettra, selon Agnès Pannier-Runacher, de « coordonner nos efforts pour construire l’Europe de la santé, investir ensemble dans le traitement des maladies rares, développer les thérapies cellulaires et géniques et renforcer nos capacités de production ».
Avec la signature du Manifeste pour le lancement de la coopération ?? sur la santé, nous nous donnons les moyens d'être à la hauteur des défis devant nous : l'innovation en santé est cruciale pour l'avenir de l'UE, pour notre économie, nos soignants et nos patients. #PIIEC pic.twitter.com/LwvuRosOef
— Agnès Pannier-Runacher ???? (@AgnesRunacher) March 3, 2022
Maladies rares et antibiorésistance
La France va investir 1,5 milliard d’euros dans ce Piiec, extraits de crédits du projet présidentiel « France 2030 ». Cette somme sera notamment allouée « au développement de procédés plus innovants et plus verts pour la production de médicament en Europe », détaille le cabinet de la ministre en charge de l’Industrie. Ces chaînes de production respectueuses de l’environnement « seraient impossibles dans les aides accordées », concède le manifeste.
Second volet du plan européen : intensifier l’innovation et le développement de nouveaux traitements dans le cadre de l’antibiorésistance, de la lutte contre les pandémies mais aussi des maladies rares, « en développant nos capacités de production de thérapies géniques et cellulaires », justifie le cabinet d’Agnès Pannier-Runacher. Olivier Véran s’est notamment fixé pour ambition de multiplier par cinq les traitements innovants, à l’horizon 2030, et « de les rendre accessibles aux 30 millions d’Européens qui sont touchés par les maladies rares », ajoute le cabinet du ministre de la Santé.
Changement de paradigme
Une première salve de projets - axée sur ces priorités de santé - sera présentée à la Commission européenne en juin, puis en octobre. « Une seconde vague sera mise en place d’ici la fin de l’année sur d’autres domaines structurants comme les dispositifs médicaux et la santé numérique », précise le cabinet d’Agnès Pannier-Runacher. « Pour définir ces projets, nous avons mobilisé notre écosystème d'industries de santé, et avons déjà reçu près de 300 dossiers de très grande qualité », s'est réjouie Agnès Pannier-Runacher, lors de la signature du manifeste, devant un parterre d'industriels et de start-up.
À l’occasion de la présidence française du Conseil de l’Union européenne - une première depuis 14 ans - « la France a fait le choix de l’Europe de la santé, et l’Union européenne celui de l’indépendance et de l’autonomie stratégique, c’est un changement de paradigme évident », se félicite le cabinet d’Olivier Véran.
La signature de ce manifeste vient s’ajouter aux autres initiatives européennes déjà amorcées depuis la pandémie, comme la création de l’agence Hera, outil de riposte aux futures urgences sanitaires. « Ce mécanisme est déjà totalement opérationnel, son activité se déploie actuellement dans le cadre des secours que l’on porte au peuple Ukrainien », illustre le cabinet d’Olivier Véran.
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