Selon une étude internationale publiée dans « The Lancet », la fenfluramine permet de réduire significativement la fréquence des crises convulsives chez des enfants atteints du syndrome de Dravet. Cet essai randomisé contrôlé contre placebo combine les résultats de deux essais cliniques de phase III, l'un réalisé aux États-Unis et au Canada, et le second en Europe occidentale et en Australie.
Le syndrome de Dravet est une forme d'épilepsie rare et pharmacorésistante, caractérisée par des crises fréquentes et invalidantes et un retard neurodéveloppemental et psychomoteur.
75 % de crises en moins
Entre janvier 2016 et août 2017, 119 jeunes patients de 2 à 18 ans (9 ans en moyenne) ont été inclus dans l'étude. Ils ont été classés en trois groupes selon le traitement reçu (en complément de leur traitement antiépileptique) pendant 14 semaines : de la fenfluramine à la dose de 0,2 mg/kg/jour, de la fenfluramine à la dose de 0,7 mg/kg/jour ou un placebo.
Avec la plus forte dose de fenfluramine, le nombre médian de crises est passé de 20,7 crises en 28 jours à 4,7 (- 74,9 %). Avec la dose de 0,2 mg/kg/jour, ce nombre est passé de 17,5 à 12,6 crises (- 42,2 %). Avec le placebo, la réduction n'était que de 19,2 % (de 27,3 à 22 crises).
La dose de 0,7 mg/kg/jour de fenfluramine a entraîné une réduction de 62,3 % de la fréquence moyenne des crises convulsives par mois par rapport au placebo, et la fenfluramine 0,2 mg/kg/jour, une réduction de 32,4 %.
Pas d'événement cardiaque
Les principaux effets indésirables rapportés sont notamment une perte d'appétit et une perte de poids. Des effets attendus, puisque avant d'être utilisée comme un antiépileptique, la fenfluramine a été commercialisée pour ses effets sur la perte de poids chez des patients obèses, avant d'être retirée du marché en 1997 à la suite de problèmes cardiaques. « Les doses utilisées ici sont bien moindres que celles utilisées pour l'appétit et l'obésité », précise au « Quotidien » la Pr Rima Nabbout du centre de référence des épilepsies rares de l'hôpital Necker-Enfants malades (AP-HP).
Une surveillance cardiologique stricte a donc été mise en place : aucun patient n'a présenté de signes cliniques ou échocardiographiques de cardiopathie valvulaire ou d'hypertension pulmonaire. « C'est un point majeur qui confirme les observations belges avec maintenant presque 20 ans de recul », souligne la Pr Nabbout. En effet, la fenfluramine peut être utilisée chez certains patients belges atteints du syndrome de Dravet dans le cadre d'un protocole de traitement grâce à un décret royal de 2002.
Une demande d'AMM en cours
En résumé, cet essai clinique montre donc que la fenfluramine réduit significativement la fréquence des crises convulsives chez les enfants et les jeunes adultes atteints du syndrome de Dravet lorsqu'elle est associée à un traitement antiépileptique déjà en place, et ce avec un effet dose apparent.
« Des demandes d'autorisation de mise sur le marché sont en cours auprès de la FDA et de l'ANSM », avance la Pr Nabbout, qui précise que des études sont en cours pour évaluer l'efficacité de la fenfluramine pour le syndrome de Lennox-Gastaut.
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce
La prescription d’antibiotiques en ville se stabilise
Le Parlement adopte une loi sur le repérage des troubles du neurodéveloppement
Chirurgie : les protocoles de lutte contre l’antibiorésistance restent mal appliqués, regrette l’Académie