Alors qu’Actions Traitements, membre du groupe interassociatif TRT-5 « appelle les pouvoirs publics à manifester plus de volontarisme » et « à mettre largement à disposition un traitement efficace et bien toléré » contre la syphilis, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a déclaré au « Quotidien » que le médicament destiné à remplacer l'Extencilline devrait être disponible dans les deux mois à venir. Cet antibiotique à base de benzathine benzylpénicilline était utilisé dans le traitement de la syphilis précoce. Fabriqué par Sanofi-Aventis, il n’est plus commercialisé depuis février 2014.
Pour les associations, Sigmacillina n'est pas une alternative satisfaisante
Pour assurer la continuité des soins, en novembre 2014, l’Agence avait octroyé au laboratoire Sandoz une AMM pour une spécialité analogue, présentée comme l’Extencilline sous forme de poudre et solvant pour reconstitution. Mais ce dernier laboratoire a lui-même rencontré des problèmes de production. Pour pallier cette indisponibilité, l'autorité de santé a délivré une autorisation d’importation de Sigmacillina, un médicament de fabrication italienne sur la même base thérapeutique. Mais celui-ci pose des problèmes pratiques qui compliquent le parcours de soins des patients selon les associations.
De fait, il n'est dispensé que dans les pharmacies hospitalières. Ce médicament ne peut pas par ailleurs être associé à la xylocaïne, antalgique nécessaire pour rendre l'injection moins douloureuse, et nécessite deux injections au lieu d'une auparavant. L'association Actions Traitement estime que « Sigmacillina ne peut absolument pas constituer une solution définitive satisfaisante » et que « mettre largement à disposition un traitement facile à administrer et à supporter pour les patients reste le meilleur moyen d'enrayer l'épidémie de syphilis dans toute la France ».
Forte poussée épidémique à Brive-la-Gaillarde
Cette annonce fait suite à l'alerte lancée début janvier par le Dr Bruno Abraham, chef du service de médecine interne au centre hospitalier de Brive-la-Gaillarde, en Corrèze, face à l'augmentation des cas diagnostiqués. « Nous avons recensé une quarantaine de cas en 2015, contre une dizaine l'année précédente et une moyenne de 2 par an lors des années antérieures », confirme le Dr Abraham au « Quotidien ». Le 15 février, une investigation a été lancée sur cette poussée épidémique par une cellule régionale de l'Institut de veille sanitaire (InVS) en lien avec l'agence régionale de santé. Une situation qui illustre la réémergence de cette maladie en France. Les derniers chiffres de l'InVS marquent une augmentation globale des personnes touchées depuis l'année 2000, dont une hausse de 50 % parmi les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes entre 2012 et 2014. Ceux-ci constituent plus des 3/4 des cas répertoriés. 40 % d'entre eux étant aussi porteurs du VIH. La moyenne d'âge des personnes diagnostiquées allant de 20 à 49 ans.
Une résurgence liée aux comportements sexuels à risque
Pour Florence Lot, responsable de l'unité VIH, Hépatite B et C à l'InVS, cette résurgence de la syphilis est vraisemblablement liée à une augmentation des comportements sexuels à risque chez les homosexuels masculins. « Trois enquêtes nationales successives en 1997, 2004 et 2011 le confirment, a-t-elle précisé. On constate notamment une nette augmentation des rapports orogénitaux et oroanaux sans protection, qui constituent un important facteur de transmission des IST et de la syphilis en particulier. »
Concernant, la flambée épidémique localisée à Brive-la-Gaillarde, elle a avancé la possible explication d'une concentration des cas au centre hospitalier par le fait que « le traitement actuel n'est disponible qu'en milieu hospitalier ». De son côté, l'ANSM affirme n'avoir eu aucun retour sur des possibles difficultés d'accès des patients ou des praticiens au traitement de la syphilis.
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