EN DIX ANS, les référents en antibiothérapie ont réussi à trouver leur place au sein du système de santé. « On ne peut que se féliciter que la place des référents ait été clairement réaffirmée dans le plan national d’alerte sur les antibiotiques (2011-2016) qui a été rendu public en novembre dernier », indique le Dr Bernard Garo, du service des maladies infectieuses du CHRU de Brest, coorganisateur pour la société de pathologie infectieuse de langue francaise (SPILF) d’une Journée des référents en antibiothérapie, en marge des Journées nationales d’infectiologie (JNI).
C’est une circulaire ministérielle de mai 2002 qui a officialisé la mise en place des référents dans les établissements de santé. « Le contenu de cette circulaire était étayé par les travaux de la conférence de consensus organisée deux mois plus tôt par la SPILF », rappelle le Dr Bernard Garo. Elle recommandait la nomination dans chaque établissement d’un médecin référent clinicien, reconnu pour ses compétences dans le domaine de l’antibiothérapie. « Dans les hôpitaux qui disposent d’un service de maladies infectieuses, le référent est naturellement un infectiologue. Dans les autres établissements, c’est assez variable : cela peut être un infectiologue mais aussi un médecin d’une autre spécialité ayant une formation complémentaire en antibiothérapie ».
« Le référent a un rôle de coordination de différentes actions pour une utilisation rationnelle des antibiotiques : rédaction des recommandations de bonnes pratiques, évaluation de la qualité de la prescription, suivi de la consommation antibiotique et de la résistance bactérienne, formation continue au sein des unités de soins, animation de la consultation mobile d’infectiologie ». Il travaille en coordination avec un pharmacien et un microbiologiste, qui animent ensemble le comité anti-infectieux. Il est indispensable de disposer de référentiels d’antibiothérapie dans les établissements. « Le référent, en effet, n’est pas toujours joignable 24 heures sur 24. Dans une situation d’urgence, il faut qu’un prescripteur puisse disposer de propositions thérapeutiques au sein d’un référentiel validé par la commission des anti-infectieux sous l’égide du comité du médicament et de la CME de l’établissement », souligne le Dr Bernard Garo. Le référent peut aussi jouer un rôle d’interface avec la médecine libérale, notamment pour des conseils de prescription dans des situations thérapeutiques un peu complexes. « Tout médecin de ville devrait pouvoir accéder à un conseil d’antibiothérapie délivré par un infectiologue, mais l’avis téléphonique ne remplace pas toujours l’examen du patient et de son dossier lors d’une consultation. »
La mise en place des référents en antibiothérapie n’a pas toujours été simple. Comme le montrent les résultats de l’indicateur ICATB (indice composite du bon usage des antibiotiques), plus de 80 % des établissements de santé déclarent avoir désigné un référent en antibiothérapie (1). « En l’absence de moyens ciblés, beaucoup d’établissements ont dû s’organiser à partir des ressources locales disponibles ». Toutefois, si la nomination des référents paraît plutôt bien partagée, il reste à confirmer qu’ils mettent en œuvre les missions qui leur sont dévolues et à valoriser le temps médical spécifiquement dédié à cette activité. « Il paraît aujourd’hui important de stabiliser leur positionnement », souligne le plan antibiotiques 2011-2016. Tout cela doit être en accord avec les principes actualisés de l’évaluation et du développement professionnel continu dans le champ de la juste utilisation des antibiotiques, affichée en tant que priorité de santé publique. Un décret concernant les référents est en attente de publication.
D’après un entretien avec le Dr Bernard Garo, service des maladies infectieuses du CHRU de Brest.
(1) Les référents en antibiothérapie et leurs fonctions. Résultats d’une enquête menée lors de la 5e Journée des référents en antibiothérapie. Med Mal Infect (2010) do : 10.1016/j, medmal.2010.06.011
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