« Le valproate est interdit pendant la grossesse et ne doit plus être prescrit aux filles, adolescentes et femmes en âge de procréer, sauf circonstances exceptionnelles », indique l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).
Cette décision qui renforce les mesures déjà mises en place, élargissant l'interdiction aux spécialtés indiquées dans l'épilepsie et l'étendant à toutes les femmes sous contraception ou non, fait suite à la décision finale de la Commission européenne qui avait été sollicitée par l'ANSM dès juillet 2017. Face à l’utilisation « encore trop importante » chez les femmes enceintes ou susceptibles de le devenir, l’ANSM avait décidé de le contre-indiquer le valproate dans le traitement des épisodes maniaques des troubles bipolaires chez les femmes en âge de procréer n’utilisant pas de contraception efficace. L'agence avait dans le même temps déclenché un arbitrage de l’Agence européenne des médicaments (EMA), pour étendre cette contre-indication au niveau européen.
Des mesures additionnelles
L'Europe a donc suivi la France, entérinant cette contre-indication ainsi que les mesures de réduction des risques déjà mises en place par l’ANSM et demandant « la mise en place de mesures additionnelles », se réjouit l'agence. Ces mesures seront appliquées à partir de fin juin 2018.
Chez les patientes atteintes d'épilepsie, le valproate est désormais contre-indiqué, « sauf en cas d’inefficacité ou d’intolérance aux alternatives ». Le caractère exceptionnele de la prescription est renforcé. Si le valproate est la seule option, les grossesses doivent absolument être évitées.
Le dispositif de réduction des risques va être renforcé. Le pictogramme et la mise en garde « VALPROATE + GROSSESSE = INTERDIT » sera donc étendue aux spécialités à base de valproate indiquées dans l’épilepsie. La « carte patiente », actuellement remise par le médecin ou le pharmacien, sera intégrée aux boites. Un « QR » code sera ultérieurement mis en place sur les boîtes, renvoyant à un site Internet qui délivrera une information validée dédiée aux risques liés à l’exposition au valproate au cours de la grossesse.
Les différents documents : brochure pour les patientes, guide d’information pour les médecins et formulaire d’accord de soins, vont être actualisés et seront disponibles fin juillet 2018.
Bientôt des recommandations pour les alternatives
Les autorisations de mise sur le marché (AMM) des médicaments contenant du valproate vont être modifiées en France avant la fin du mois de juin 2018 pour intégrer ces mesures.
Concernant les alternatives au valproate, « la Haute autorité de santé (HAS) travaille en collaboration avec l’ANSM et l’APESAC pour actualiser les recommandations thérapeutiques », indique l'agence. L'NSM demande par ailleurs à toutes les patientes qui sont susceptibles d’avoir des enfants et qui sont traitées par valproate de ne pas arrêter ou modifier leur traitement sans avis médical et de prendre rendez-vous avec leur médecin spécialiste qui étudiera toutes les solutions pour arrêter le traitement.
Le valproate, utilisé dans le traitement de l’épilepsie et des épisodes maniaques des troubles bipolaires, est un « tératogène puissant », entraînant « un taux élevé de malformations (plus de 10 %) et/ou de troubles neuro-développementaux (30 - 40 %) chez les enfants exposés pendant la grossesse », rappelle l'agence.
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