C’était l’une des promesses de campagne, restées vaines, du candidat Macron en 2017 : permettre, en officine, la délivrance de certains médicaments à l’unité. Enterrée depuis une expérimentation lancée en 2014, la dispensation à l’unité a fait son retour par la fenêtre début 2020, à la faveur de la loi antigaspillage. L'objectif était d'éviter l’accumulation de pilules non utilisées dans les armoires des Français mais aussi de lutter contre l’antibiorésistance en neutralisant l’automédication.
Deux ans plus tard, un décret publié la semaine dernière au « Journal officiel » vient finalement entériner la délivrance gélule par gélule pour certains produits : les antibiotiques systémiques conditionnés initialement sous forme de blister ou de sachet-dose. Mais la dispensation à l’unité se fera au bon vouloir du pharmacien, rien ne l’y contraignant. À la réception de l’ordonnance, celui-ci devra extraire les antibiotiques de leur conditionnement d’origine, à la gélule près. Puis les placer dans un nouveau conditionnement adapté « permettant d’en assurer le transport et la conservation ».
Pour assurer traçage et pharmacovigilance, le décret précise qu'une étiquette avec des mentions « lisibles », « compréhensibles » et « indélébiles » sera remise au patient et elle devra porter le nom de la spécialité pharmaceutique, son dosage, la posologie ou encore la date de délivrance.
Chronophage
Il reste que les pharmaciens sont très réticents à cette dispensation à l’unité, jugée chronophage. « C’est une mauvaise réponse à une bonne question », déclare Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats des pharmaciens d’officine (Uspo). « Dans plus de 90 % des cas, s’il reste des antibiotiques chez les patients, c’est simplement parce qu’ils ne vont pas au bout de leur traitement, ils l’arrêtent dès qu’ils se sentent mieux », justifie le patron de l’Uspo. Entre achat de conditionnements neutres, traçabilité des lots et partage des blisters ouverts entre plusieurs patients, « comment allons-nous faire au quotidien ? C’est juste impossible », s'inquiète le pharmacien. Pour le président de l'Uspo, « c’est aux industriels de faire le job », en mettant à disposition des boîtages exactement conformes aux recommandations d’antibiothérapie.
Le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), Philippe Besset accueille lui aussi froidement la dispensation à l’unité. Lors d’une séance de questions-réponses à destination des officinaux, début février, le pharmacien a jugé qu'il « y avait peu de chance pour qu’elle prospère », pour une raison terre à terre : l’Assurance-maladie n’envisagerait pas de verser une rémunération supplémentaire au pharmacien pour cet acte. Le succès s'annonce donc mitigé.
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