Colère des « oubliés du Ségur » : pénalisé, le secteur privé non lucratif dénonce les disparités de traitement

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Publié le 09/02/2021
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Après une troisième réunion de travail, le 3 février, sur l'attractivité des métiers de l'autonomie et les revalorisations salariales, trois organisations représentatives des employeurs (FEHAP – privé non lucratif – Nexem et la Croix-Rouge française) ne cachent pas leur colère. Elles dénoncent plus que jamais l'inégalité de traitement dont sont victimes, à leurs yeux, les personnels salariés des établissements sociaux et médico-sociaux du secteur privé non lucratif (par rapport au secteur public).

Infirmiers dans les services d'aide à domicile, travailleurs spécialisés dans la protection de la petite enfance, éducateurs dans les établissements d'accueil de personnes handicapées, etc. : selon Marie-Sophie Desaulle, présidente de la FEHAP, les négociations salariales pour le privé non lucratif dans le cadre de la mission Laforcade « ne devraient concerner que quelques métiers choisis », une priorisation jugée inacceptable. 

Alors que, dans le secteur public, le futur accord global de revalorisation en passe d'être signé prendrait bien en compte l'ensemble des professionnels soignants, accompagnants et même administratifs du handicap, ce n'est pas le cas des professionnels de l'accompagnement social et médico-social du privé non lucratif. « On discute encore pour voir si tel métier va bénéficier de telle augmentation et on n'est pas sûr du montant de l'augmentation ! », se désole Marie-Sophie Desaulle, soulignant que ces salariés ne peuvent être exclus des métiers du soin.

Fuite des salariés

Alain Raoul, président de Nexem, organisation regroupant des employeurs associatifs du secteur social et médico-social à but non lucratif, confirme que dans les structures accueillant des personnes handicapées, des publics précaires ou des mineurs en difficulté, « la colère monte ». Les salariés « ont le sentiment d'être humiliés et discriminés », entraînant « une fuite vers d'autres structures où les salaires ont été revalorisés », affirme-t-il. Le président de Nexem cite l'un de ses établissements à Paris accueillant des personnes avec un handicap lourd où « 30 % des soignants sont partis » vers l'hôpital public notamment.

« Nous voulons une revalorisation pour tout le monde et dans le même calendrier que le secteur public. Il y va de la cohérence de notre société, nous ne pouvons pas laisser sur le bord du chemin les artisans de la cohésion sociale. L'État doit reconnaître leur utilité sociale », défend Marie-Sophie Desaulle.

L'élargissement des revalorisations à l'ensemble des salariés du secteur privé non lucratif coûterait à l’État 1,9 milliard d'euros par an, calcule la FEHAP. Mais pour Jean-Christophe Combe, directeur général de la Croix-Rouge française, cette somme « doit être relativisée, elle n'est pas si élevée quand on la compare au plan de relance. » 


Source : lequotidiendumedecin.fr