Les gynécologues obstétriciens n'apprécient pas du tout le récent décret qui élargit les compétences des sages-femmes et la campagne publicitaire sur le site du ministère de la Santé pour inciter les femmes à consulter les sages-femmes.
Après le Syndicat national des gynécologues obstétriciens de France (SYNGOF), qui s'était ému du fait que les sages-femmes puissent prescrire des arrêts de travail de quatre jours après une IVG médicamenteuse, tous les principaux syndicats et sociétés savantes de la gynécologie-obstétrique montent ensemble au créneau.
Dans un communiqué commun, le Syndicat des gynécologues et obstétriciens libéraux (SGOL), le Collège national des gynécologues obstétriciens de France (CNGOF), la Société française de gynécologie (SFG), la Fédération des collèges de gynécologie médicale (FNCGM), le SYNGOF et le Syndicat des gynécologues médicaux (SGM) dénoncent une « tentative supplémentaire de monter deux professions l'une contre l'autre alors qu'elles ont toujours travaillé ensemble ».
Chacun son périmètre
Les six signataires font valoir que les compétences des sages-femmes concernent la physiologie comme le diagnostic, la surveillance de la grossesse ou la préparation psychoprophylactique à l'accouchement, « les problèmes pathologiques gynéco-obstétricaux ayant vocation à être traités par des médecins ».
S'agissant de l'accès aux soins, « il n'y a aucune garantie que les déserts médicaux seront comblés par les sages-femmes, à qui seraient dévolus les soins primaires des femmes et enfants », assène le communiqué.
De surcroît, déplorent les signataires, « le gouvernement suggère que le fait de consulter une sage-femme est identique en termes d'accès aux soins au fait de consulter un médecin, alors que les niveaux de formation et de compétences ne sont pas les mêmes ». Ils soulignent aussi que le niveau de responsabilité n'est pas le même. Il peut en résulter « une perte de chances pour les femmes en raison d'un retard au diagnostic et à la mise en place d'un traitement adéquat ».
Cet avertissement intervient alors que Marisol Touraine vient de lancer une vaste campagne d'information sur le rôle et les compétences des sages-femmes, récemment élargies par la loi de santé. Celle-ci se traduira par des affiches et des dépliants disponibles dès le 24 juin dans les plannings familiaux, les centres de PMI…
Le respect des qualifications
« Les instances professionnelles [...] mettent en garde les autorités contre toute manœuvre politicienne visant à contourner les étapes de la qualification médicale ou la couverture assurantielle pour des actes médicaux, qui n'a pas vocation à couvrir une situation générée par une sage-femme », avertissent les représentants de la gynécologie-obstétrique.
L'Organisation nationale des syndicats de sages-femmes (ONSSF) avait immédiatement répondu aux premières critiques émanant du SYNGOF. Elle assurait que les sages-femmes « connaissent parfaitement leurs compétences et leurs limites » et que « si la physiologie est leur spécialité, elles savent aussi dépister la pathologie et les situations à risques, et avoir recours au médecin ». L'ONSSF précisait que les sages-femmes, depuis 1985, peuvent prescrire un arrêt de travail de 15 jours dans le cadre de la grossesse. « Le SYNGOF, par sa publication, ne discrimine pas seulement la profession de sage-femme mais lance une attaque directe envers les femmes [...] et remet en question leur droit à bénéficier d'un arrêt de travail », écrivait l'organisation syndicale.
« Où est le corporatisme ? Chez ceux qui proposent aux femmes de se faire avorter un jour férié plutôt que de voir la compétence des sages-femmes élargie [...] ? », taclait même l'ONSSF, invitant les sages-femmes et les femmes à « ne pas attacher d'importance aux attaques qui révèlent des peurs ».
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