UN TIERS des accès palustres en moins, ce n’est pas rien. Mais c’est nettement insuffisant par rapport à qui était espéré. Le vaccin RTS,S ne permet d’éviter le paludisme à 1 an chez les tout-petits de 6-12 semaines, qu’à hauteur de 31 % pour les accès cliniques simples et de 37 % pour les accès graves, quand dans le même temps il les diminue respectivement de 56 % et 47 % chez les 5-17 mois. Les derniers résultats de l’étude de phase III présentés lors de l’International African Vaccinology Conference à Cap Town s’avèrent donc décevants. Mais cela ne signifie pas pour autant que ce vaccin ciblant une protéine du circumsporozoïte est enterré. « C’est une étape scientifique importante et on a besoin d’étudier davantage, a déclaré à ce sujet Bill Gates, qui a largement participé au financement via la Fondation Bill et Melinda Gates. L’efficacité s’avère plus faible que ce que nous espérions, mais le développement d’un vaccin contre un parasite n’est pas la chose la plus aisée qui soit. L’essai se poursuit et nous sommes impatients de disposer de données supplémentaires pour savoir si l’on peut utiliser ce vaccin et comment ».
Onze centres de recherche africains situés dans 7 pays différents ont mené l’essai, en collaboration avec les laboratoires GSK et le PATH Malaria Vaccine Initiative (MVI). Dans cette étude de phase III, le vaccin antipalustre était administré dans le cadre du programme vaccinal de l’OMS, l’EPI (an anglais pour Expanded Program on Immunization). Les 6 537 enfants âgés de 6-12 semaines inclus étaient randomisés dans l’un des trois bras de l’étude. Les trois doses du vaccin RTS,S ou du vaccin comparateur, ici le vaccin antiméningocoque C, étaient co-administrées avec le vaccin pentavalent de l’EPI (DTP, hépatite B, Hemophilus influenzae). Plus de 86 % des participants ont déclaré utiliser conjointement des moustiquaires imprégnées.
Bien toléré chez les petits bébés.
«L’efficacité est plus faible que ce que nous avons constaté l’année dernière chez les plus grands de 5-17 mois, a expliqué l’investigateur principal du centre de Tanzanie, le Dr Salim Abdulla. Ce qui a surpris nombre d’entre nous parmi les scientifiques de l’étude. Cela nous rend encore plus déterminé à comprendre les facteurs influençant l’efficacité contre le paludisme et de mieux appréhender le potentiel du RTS,S (...). Nous avons été heureux d’observer que le vaccin peut être administré aux jeunes enfants selon le schéma standard sans effets indésirables autres que ceux prévisibles avec ce type de vaccin ». Le taux d’effet indésirable était comparable entre les enfants vaccinés avec le RTS,S et le groupe contrôle du vaccin comparateur. Les plus fréquents étaient les réactions locales au site d’injection et la fièvre. Onze cas de méningite ont été rapportés, 9 dans le groupe RTS,S et 2 dans le groupe contrôle. Le pathogène a été identifié dans 7 cas (3 salmonelles et 4 pneumocoques) et reste indéterminé dans les 4 autres (3 dans le groupe RTS,S et 1 dans le groupe contrôle).
Des facteurs de progrès.
Les chercheurs se sont d’ores et déjà attelés à comprendre les raisons de la moindre efficacité entre les différentes catégories d’âge. Car si « un mois après l’administration de la 3e dose du RTS,S, 99,7 % des enfants avaient des anticorps anti-circumsporozoïte », le taux (en moyenne à 209 UI/ml) était beaucoup plus faible que chez les plus âgés (621 UI/ml). Or « si le taux d’anticorps n’est pas corrélé au niveau de protection, plusieurs essais ont observé une association avec l’efficacité ». Plusieurs hypothèses sont avancées. Parmi elles, citons l’immaturité du système immunitaire chez les nouveau-nés, une possible interférence avec les anticorps maternels, la part relative à l’interférence avec les vaccins standards (EPI) et une exposition antérieure au paludisme limitée, puisque le vaccin pourrait agir en « booster » et nécessiter ainsi une primo-infection. Si le vaccin n’est pas prêt pour la commercialisation, les auteurs se disent « convaincus que le RTS,S a un rôle à jouer dans la lutte contre le paludisme ». D’autres vaccins anti-palustres prometteurs sont en cours de développement, comme le FMP2.1 et le MSP3.
The New England Journal of Medicine, publié en ligne le 9 novembre 2012.
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