Dix cliniques ferment par an : la FHP dénonce le « goût amer » du quinquennat Touraine

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Publié le 23/03/2017
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Crédit photo : S. Toubon

Lamine Gharbi ne regrettera pas Marisol Touraine au ministère de la Santé. À un mois du premier tour de la présidentielle, le patron de la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) a dressé mercredi un bilan peu flatteur du quinquennat de la ministre, accusée de pratiquer une politique tarifaire inéquitable entre les secteurs public, privé à but lucratif ou non lucratif.

Pour Lamine Gharbi, la dernière campagne tarifaire n'augure rien de bon pour les quelque 1 000 cliniques déjà fragilisées. En 2017, la baisse des tarifs hospitaliers est de 1,6 % pour le public et de 2,09 % pour le secteur privé – en incluant les gels des crédits et la neutralisation des avantages du CICE et des allégements de charge du Pacte de responsabilité.

« Nos tarifs ont baissé de 7 % en trois ans, calcule le patron de la FHP. Chaque année, dix à douze cliniques ferment leurs portes. Elles sont vendues, transformées en structure médicosociale ou mettent définitivement la clé sous la porte. Depuis deux ou trois ans, nous ne créons plus d'emplois, nous en détruisons. Ce n'est pas normal de voir apparaître des mouvements sociaux dans nos établissements. »

La FHP souligne l'« effet ciseaux » que subit le secteur : en 14 ans, les tarifs des cliniques ont baissé chaque année de 2 % en moyenne quand leurs charges ont bondi de 30 à 40 % sur la même période. 

La FHP reproche au gouvernement sa décision de neutraliser une fois encore uniquement pour les cliniques les avantages du CICE et les allégements de charge du Pacte de responsabilité. Dans le même temps, le secteur privé à but non lucratif a obtenu une rallonge à la faveur du nouveau crédit d'impôt de taxe sur les salaires (CITS). Quant au secteur public, il bénéficie de la quasi-totalité de l'enveloppe des missions d'intérêt général (MIGAC), s'étrangle Lamine Gharbi, peu enclin à se satisfaire du « goût amer » des campagnes tarifaires successives.

Les bénéfices raisonnables, « folie communiste »

Si « le temps des reproches est terminé » pour la FHP, celui des doléances au prochain président de la République est venu. En se fondant sur la plateforme de propositions de la FHP, Lamine Gharbi a réclamé trois mesures prioritaires au prochain gouvernement : l'intégration de plein droit des cliniques au service public hospitalier, dont elles sont exclues pour cause de secteur II des praticiens libéraux qui y exercent ; la suppression du plafonnement dit « de bénéfice raisonnable », cette « folie communiste » introduite dans la loi de santé ; et la fin de la dégressivité tarifaire, au principe que les établissements les plus efficients ne doivent pas être pénalisés.

« Les mesures vexatoires doivent cesser, a exhorté Lamine Gharbi. Demain, le prochain ministre de la Santé devra mieux accompagner les 98 % d'établissements privés dont l'offre de soins est vertueuse et pertinente. Il devra surtout rétablir la confiance et l'espoir. »


Source : lequotidiendumedecin.fr