Dr Marc-Pierre Henry, chirurgien au CHU de Brest : « La RRAC est une vraie source d'attractivité pour les praticiens »

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Publié le 24/11/2016
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LE QUOTIDIEN : Comment le CHU de Brest s'est-il approprié la RRAC ?

Dr MARC-PIERRE HENRY : Le service de chirurgie orthopédique est mobilisé sur ce projet depuis le mois de septembre, en symbiose avec la direction générale. 98 patients en attente d'une prothèse totale de hanche et d'une prothèse totale ou unicompartimentale de genou sont inclus dans notre programme RRAC jusqu'au mois de juin 2017. 34 d'entre eux ont déjà été opérés par l'un des six chirurgiens du service, avec le concours d'anesthésistes et de paramédicaux.

Le suivi des infirmières de coordination, qui reçoivent le patient en consultation en amont, et des kinésithérapeutes, qui le remettent sur pied après, est très important. Nous nous sommes formés auprès des médecins précurseurs des Diaconesses Croix Saint-Simon (Paris), de la Croix Rousse (HCL de Lyon) et de la clinique générale d'Annecy. Quand j'ai vu qu'avec une même technique chirurgicale et un même implant, un patient pouvait être debout le soir de son opération, j'ai eu le coup de foudre ! On s'est alors dit : pourquoi pas nous ?

Quels sont les bénéfices de la RRAC pour le médecin ?

C'est un excellent moyen d'évaluer les pratiques médicales. C'est pour cela que les directeurs y sont favorables. C'est plus difficile de faire bouger les lignes à l'hôpital qu'en clinique. Pourtant, on pratique tous la même chirurgie vu qu'on est tous formés à la même enseigne ! Les CHU comme le nôtre peuvent tirer leur épingle du jeu en menant des travaux universitaires sur la RRAC. 

Pour les chirurgiens et les anesthésistes, cette technique permet de travailler en étant à l'écoute de l'autre. Le patient est quant à lui très actif dans sa prise en charge. Franchement, quand on voit la pénurie médicale qui sévit, notamment en anesthésie, la RRAC est une vraie source d'attractivité pour les praticiens, toujours friands de challenges médicaux.

Tous les patients peuvent-ils prétendre à la RRAC ?

Au début de ma carrière, il y a vingt ans, l’implantation d’une prothèse de hanche ou de genou générait 10 jours d’hospitalisation. En baisse aujourd'hui [7,39 jour pour la prothèse de genou et 6,81 pour la prothèse de hanche en 2015, NDLR], ce délai peut être réduit à quatre jours et même à un jour pour certains patients.

C'est pour cela que nous n'avons pas de critère d'inclusion au programme. Tout le monde peut y prétendre ! Seuls les patients fragiles, dont le retour à domicile est compromis par l'absence de proches pour les accompagner, sortent à J+3 ou J+4 après une phase de rééducation dans un établissement spécialisé. La récupération rapide est vraiment un programme de grande qualité, à promouvoir pour les opérations sur le membre inférieur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Propos recueillis par Anne Bayle-Iniguez

Source : Le Quotidien du médecin: 9537