Pilotage trop vertical, manque de coopération entre les acteurs et groupements hospitaliers de territoire (GHT) trop flous. C'est le constat partagé par le Dr Olivier Véran, député de la majorité et rapporteur général de la commission des Affaires sociales et Jean-Carles Grelier, député de la Sarthe et responsable du dossier santé chez Les Républicains (LREM).
Invités ce jeudi à débattre aux Contrepoints de la santé, ils ont détaillé leur vision de l'organisation territoriale des soins. Les deux hommes, non contents de partager le diagnostic, se rejoignent sur les solutions à apporter.
Une chose est sûre, la refonte de la carte hospitalière prévue dans la loi de santé de 2016 fait l'unanimité contre elle. Chacun y est allé de son commentaire. Quand le député de la majorité qualifie les GHT de trop « technos », son collègue des Républicains en dénonce l'hospitalocentrisme. Prenant appui sur son expérience de neurologue au CHU de Grenoble, Olivier Véran l'assure, pour que les GHT fonctionnent, « il faut remettre le projet médical au cœur du système ».
Développer le travail pluridisciplinaire
Les deux députés proposent de travailler autrement sur l'organisation territoriale des soins. « Il existe des outils qui mériteraient d'être développés comme les communautés professionnelles territoriales de santé », au nombre de 200, propose Jean-Carles Grelier tout en se montrant défavorable à la multiplication irréfléchie des maisons de santé. « On pourrait aller plus loin en proposant, pourquoi pas, des financements venant des collectivités locales », a-t-il suggéré. Finalement, pour le député de l'opposition, qu'importe le mode de financement pourvu qu'on arrive à mettre en réseau les professionnels de santé sur un territoire. « Il faut faire comprendre au médecin que le pharmacien n'est pas qu'un marchand de pilules et l'opticien un marchand de lunettes. »
Pas très loin de partager cette vision, Olivier Véran regrette un système impropre à la coopération entre les différents acteurs. « Tout a été fait pour cloisonner et organiser en silo les différentes professions médicales et paramédicales. » Le nerf de la guerre selon lui ? Le parcours de soins, à condition qu'il inclue les professions paramédicales. « Il faut faire avec d'autres professions médicales ce qui a été fait avec les sages-femmes, même si ça fait râler les syndicats », a-t-il déclaré avec force, faisant référence aux récentes tractations autour du nouveau métier d'infirmier en pratique avancée. Le député insiste aussi sur la nécessité de développer le métier d'infirmier clinicien. « Il n'y a aujourd'hui plus de barrière car c'est financé et autorisé », insiste-t-il, « cela peut être mis en place très rapidement ».
Sur le pilotage enfin, les deux hommes sont d'accord, il faut partir du terrain plutôt que d'appliquer aveuglément les directives de l'avenue de Ségur. « Je suis plus girondin que jacobin », s'est même autorisé à dire Olivier Véran. Pour lui, la bonne gouvernance locale doit émaner du dialogue entre les professionnels de santé, qui réalisent « un diagnostic de terrain » et les agences régionales de santé (ARS) qui apportent une expertise « basée sur des données de santé précises ». Pour son contradicteur du jour, les ARS ont un rôle à jouer, à condition « qu'elles sortent de leur ambition administrative pour redevenir plus stratégiques et opérationnelles ».
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