Méningites à méningocoques

La protection vaccinale s’élargit

Publié le 28/05/2010
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Crédit photo : (c) BSIP 2003 #0054703

LES INFECTIONS INVASIVES à méningocoque C (IIMC) sont une cause majeure de décès et de handicaps évitables aussi bien dans les pays industrialisés que dans les pays en développement. Cinq sérogroupes de méningocoque sont responsables de la grande majorité de ces infections : les sérotypes A, B, C, Y et W135. Si plusieurs vaccins méningococciques C conjugués sont disponibles depuis plusieurs années, dont Menjugate Kit des laboratoires Novartis, la couverture vaccinale en France est restée faible (inférieure à 10 %). La France est d’ailleurs un des pays d’Europe avec une incidence d’IIMC les plus élevées. Les vaccins méningococciques C permettent l’immunisation active des nourrissons dès l’âge de 2 mois et jusqu’en 2009, la vaccination n’était recommandée que pour les sujets à risque. Suite à une recommandation du HCSP en 2009, rappelle le Pr François Denis (Limoges), la vaccination systématique des nourrissons âgés de 12 à 24 mois est maintenant incluse dans le calendrier vaccinal. Une seule dose de vaccin est préconisée. De plus, en attendant qu’une immunité de groupe soit obtenue, l’extension de cette vaccination jusqu’à l’âge de 24 ans révolus est aussi recommandée avec une seule dose. Les vaccins méningococciques conjugués sont remboursables à 65 % dans le cadre des recommandations pour les sujets entre 1 an et 24 ans. La nécessité d’un rappel à l’adolescence est à l’étude. L’expérience acquise dans d’autres pays et en particulier au Canada a été rapportée par le Dr Philippe de Wals (Québec). Elle a montré que, d’une part, l’immunogénicité est plus importante et plus durable lorsque la vaccination survient après 1 an et que, d’autre part, la vaccination des adolescents en milieu scolaire est la stratégie la plus efficace pour atteindre un taux élevé de couverture.

Les nouveaux vaccins méningococciques.

Jusqu’à présent, seul un vaccin polysaccharidique contre les sérotypes de méningocoques A, C, Y et W135, était disponible en France. Le nouveau vaccin Menvéo (Novartis), actif contre ces 4 sérotypes est un vaccin conjugué à la protéine diphtérique CRM 197. Il a obtenu l’AMM européenne en mars 2010 et arrive dans notre pays. Il est indiqué pour l’immunisation active des adolescents âgés de plus de 11 ans et des adultes à risque d’exposition de méningocoques A, C, Y et W 135. « Les études internationales réalisées ont montré que par rapport au vaccin quadrivalent polyosidique, Menvéo avait un profil d’immunogénicité favorable et une tolérance comparable chez les adolescents », souligne le Dr Clément Lewin (Cambridge,États-Unis).

Alors que le méningocoque B est le sérotype de méningocoque le plus fréquent en France (66 % en 2008 selon les données du CNR), il peut paraître paradoxal qu’aucun vaccin ne soit disponible contre ce sérotype. En fait, les protéines capsulaires de cette bactérie ont des propriétés immunologiques différentes qui empêchent l’utilisation de la technique habituelle de fabrication des vaccins. Les chercheurs de Novartis ont donc utilisé l’approche de vaccinologie inverse et par séquençage génomique, isolé des protéines de surface du méningocoque B permettant d’identifier des antigènes protéiques possédant une activité bactéricide suffisante. Les études de phase II ont mis en évidence le bon potentiel immunogène et la tolérance acceptable du candidat vaccin. Les essais de phase III sont en cours.

Conférence de presse des Laboratoires Novartis pendant le Congrès européen des maladies infectieuses pédiatriques (ESPID).

 YVONNE EVRARD

Source : Le Quotidien du Médecin: 8778