Le lieu exact est décidé, les conditions d’ouverture aussi, « dès que la loi de santé sera votée, on pourra engager l’équipe et commencer les travaux », explique Élizabeth Avril, de l’association Gaïa chargée de gérer la future salle.
Depuis l’annonce de l’installation de la salle de consommation à moindre risque au sein de l’hôpital de Lariboisière, les détails du projet se sont progressivement mis en place tandis que certains riverains manifestent à nouveau leurs inquiétudes. On sait désormais que ce nouveau dispositif visant à proposer aux toxicomanes un endroit où pratiquer leur injection dans de bonnes conditions sanitaires et d’hygiène sera installé en face du 9 de la rue Ambroise-Paré, dans des locaux de 400 m2 actuellement inoccupés.
Une présence 7 jours sur 7
Une équipe de 16 intervenants, comprenant des assistants sociaux, des infirmiers, un chargé d’insertion ainsi qu’une vacation médicale s’y relaieront, à raison d’une équipe de 5 à 6 personnes présente 7 jours sur 7 pendant au moins 7 heures par jour. « C’est un minimum, estime Élizabeth Avril, nous devons être ouverts tous les jours pour avoir un impact social ». Présente depuis 2008 dans le quartier, l’association Gaïa gère déjà un centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction (CAARUD) situé avenue Parmentier, auquel va s’adosser le nouveau dispositif, ainsi qu’une antenne mobile.
La salle doit s’insérer dans le réseau médico-social déjà existant. « Nous avons un partenariat avec le pôle Fernand Widal en ce qui concerne les soins en psychiatrie et en addictologie, détaille Élisabeth Avril. Nous travaillons aussi avec un éducateur sur un projet de sortie de prison et d’insertion. » L’association propose aussi un TROD buvard pour les infections par le VIH et le VHC, avec possibilité de prise de rendez-vous en moins de 48 heures dans le service de maladie infectieuse de l’hôpital Tenon.
La seule incertitude concerne le budget qui doit être finalisé par la DGS chargée de financer la salle pendant les six premières années de l’expérimentation inscrite dans la loi de santé. L’ARS Ile-de-France devrait ensuite prendre le relais. « Les budgets des salles existantes en Europe vont de 500 000 euros en Espagne à 3 millions de francs suisse (2,75 millions d’euros) » poursuit Élizabeth Avril.
Les riverains réagissent
Certains riverains s’interrogent sur cette installation et ont tenu la semaine dernière une réunion d’information. « Nous ne sommes pas contre la salle de shoot en elle-même, nous précise une riveraine qui a organisé la réunion, mais il n’y a pas eu assez de communication autour du projet. L’entrée de la salle devait ouvrir sur la partie de l’hôpital face au boulevard de la Chapelle, pas dans la rue Ambroise-Paré où il y a beaucoup de familles et de commerçants. »
Ce collectif, qui se veut apolitique, affirme avoir rassemblé 150 signatures dans une pétition qui doit être adressée à Rémi Féraud, le maire du 10e arrondissement parisien, et au Dr Bernard Jomier, adjoint à la Maire de Paris chargé de la santé.
« Nous sommes ouverts à la discussion, répond Élisabeth Avril, nous avons mis en place un numéro de téléphone pour répondre aux riverains, mais je crois qu’il y aura toujours des mécontents. Ce sont les mêmes qui avaient demandé que la salle soit dans l’hôpital. Beaucoup de riverains réalisent que les usagers de drogue sont là depuis des années, et que cette salle est une chance pour qu’ils ne s’injectent plus sous les yeux de leurs enfants. »
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