De la chirurgie maxillo-faciale à la recherche sur les traumatismes ORL et à l'anticipation de l'évolution des comas profonds, les recherches financées par la Fondation « Les Gueules cassées » recouvrent une large variété de sujets. La journée scientifique organisée mi-octobre a été l'occasion de présenter les travaux qu'elle soutient depuis 15 ans dans le domaine de la réparation des grands dégâts craniofaciaux.
Actuellement, les traumatismes crâniens touchent « deux grandes catégories de population : les jeunes impliqués dans les accidents de la circulation, dont le nombre est en déclin, et les traumatismes de loisir », explique le Pr Jean-François Payen de l'institut des neurosciences de Grenoble et responsable du pôle anesthésie-réanimation du CHU de Grenoble.
Le Pr Laurent Guyot, du service de chirurgie maxillo-faciale de l'hôpital Nord à Marseille constate quant à lui que les traumatismes de la face connaissent « beaucoup de variations d'une région à l'autre. Sur Marseille, nous avons des accidents de kite surf, de planche à voile, ou de harpon mais aussi beaucoup de rixes, dénombre-t-il. Il y a aussi une part qui aussi méconnue que dramatique car évitable, c'est celle des morsures animales chez les enfants. »
La PARP, piste prometteuse
Au cours de cette journée, le Pr Catherine Marchand Leroux, responsable de l'équipe pharmacologie de la circulation cérébrale de l'université Paris Descartes, a présenté les recherches en cours sur l'utilisation de la protéine PARP (poly ADN-Ribose Polymérase) dans la prévention des dommages causés par un traumatisme crânien. « Pendant très longtemps, nous avons surestimé l'importance des traumatismes touchant les corps cellulaires des neurones donc la substance grise et avons négligé ceux touchant la substance blanche ou les cellules de soutien », explique-t-elle.
La protéine PARP est activée suite à un traumatisme crânien, afin de réparer les cassures de l'ADN. Ce faisant, elle provoque une inflammation et, à terme, la mort cellulaire. « Le processus de réparation de l'ADN par la PARP consomme beaucoup d'ATP, détaille le Pr Leroux, lors d'une lésion cérébrale, l'enzyme PARP va alors être très sollicitée et le coût énergétique va être trop important. De plus, on sait maintenant que cette protéine PARP est pro inflammatoire. Nous travaillons sur la minocycline, un antibiotique inhibiteur de PARP qui est associé, chez l'animal, à une meilleure récupération des fonctions motrices », complète-t-elle. Une autre utilisation des anti PARP est à trouver du côté de la cancérologie avec des associations d'un anti PARP à un traitement antitumoral. Les anti PARP empêchent les cellules tumorales de réparer les dégâts occasionnés par la chimiothérapie.
Solliciter les souvenirs mélomanes
Le Dr Florent Gobert, du centre de recherche en neurosciences de Lyona a présenté ses derniers travaux sur la stimulation biographique positive des patients en coma profond. « Nous ne cherchons pas à augmenter les chances de réveil, mais à avoir les moyens de déterminer si le patient est répondeur ou pas », explique-t-il au « Quotidien ». « Le protocole habituel consiste à stimuler les patients avec une liste de prénoms parmi laquelle figure le sien. S'il réagit quand on lit son nom, les chances de réveil sont plus importantes, poursuit le Dr Gobert. Cette méthode a un fort taux de faux négatifs, que l'on peut réduire en préparant le patient avec une musique référencée autobiographique. »
En 2016, la ondation « Gueules Cassées », créée en 1921 par des militaires soucieux de l'avalanche de blessés de la face défigurés par la Grande Guerre, aura distribué 2,66 millions d'euros pour soutenir la recherche et la prise en charge des traumatismes du crâne et de la face, dont plus de la moitié sous forme d'appels à projet, et près de 20 % sous forme d'équipements hospitaliers. Le 1,47 million d'euros distribués à des projets de recherche se répartissent entre la chirurgie maxillo-faciale (426 000 euros), la chirurgie plastique (240 000 euros), la biologie (213 000 euros) la médecine physique, l'ophtalmologie et l'ORL. En tout près de 13 millions d'euros ont été ainsi distribués depuis 2004, dont plus de 10 millions en appels à projets.
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