Les ophtalmos voient d'un mauvais œil la baisse tarifaire programmée de deux actes courants

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Publié le 11/04/2018
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Crédit photo : S. Toubon

Après les radiologues et les biologistes libéraux, c'est au tour des ophtalmos de dénoncer de nouvelles baisses tarifaires imposées par l'assurance-maladie (CNAM).

Le Syndicat national des ophtalmologistes (SNOF) a protesté ce lundi contre des baisses concernant deux actes fréquemment utilisés : la tomographie par cohérence optique (OCT), une technique d'imagerie de fond d'œil, et l'opération de la cataracte.

Un tiers de la valeur de l'acte de tomographie serait amputé, selon le SNOF, soit une baisse de 74 millions d'euros en année pleine. Les baisses sur l'opération de la cataracte seraient réparties entre les ophtalmologistes et les anesthésistes. Ces derniers subiraient 40 % de baisse. « Cela représente 17 millions d'euros d'économies sur l'opération de la cataracte, indique le Dr Thierry Bour, président du SNOF. En tout, ce sont 90 millions d'euros d'économies qui vont être réalisées par l'assurance-maladie. »

Non-sens médical

Selon le Dr Bour, ces baisses demandées à la profession sont tout simplement dues « à la régulation de l'objectif national des dépenses d'assurance-maladie (ONDAM) » et pourraient intervenir dès la fin du mois de juin, ou le début du mois de juillet. Contactée par « le Quotidien », l'assurance-maladie n'a pas confirmé ni ce calendrier, ni les montants avancés par le syndicat.

Quoi qu’il en soit, le syndicat fulmine d'autant plus que l’association de la cataracte avec l’acte d’antibioprophylaxie (qui évite les complications infectieuses) ne serait plus prise en compte par la CNAM. « Cette mesure est un non-sens médical, cet acte est d’une grande efficacité pour le patient, avec un coût modéré. Il a fait l’objet d’une recommandation de l’Agence nationale de sécurité du médicament, est reconnu à l’international et a été autorisé par l'assurance-maladie en 2011 », proteste le Dr Bour.

Le SNOF dénonce donc pêle-mêle des décisions « uniquement comptables », sans lien avec la pertinence, mais également une mise à mal du secteur I « avec un risque de disparition de la chirurgie de la cataracte sans dépassement d’honoraires » et une capacité d'investissement limitée pour les médecins.

« Un appareil d'OCT de qualité coûte 100 000 euros, sans compter les frais de maintenance de 15 % par an. Avec de telles baisses, il va être difficile d'investir dans du matériel de pointe au service de la santé visuelle des Français », conclut le président du SNOF. Le syndicat ne perd cependant pas espoir d'obtenir des mesures compensatoires à ces baisses, et entend jouer la carte de la pertinence des actes auprès de la CNAM.

Les spés de la CSMF furieux

Le syndicat Spé-CSMF – qui participe aux négociations avec la CNAM aux côtés du SNOF – a vivement réagi à ces baisses annoncées. « Il serait catastrophique de déstabiliser une spécialité qui met en place des alternatives à une prise en charge rapide et de qualité des patients atteints des difficultés de la vision », prévient la branche spécialiste de la Conf', qui dit « stop au déferlement de mesures contre la médecine libérale spécialisée, socle de l’expertise, de la qualité, la sécurité des prises en charge de tous les patients ». Et menace, « dans le cas où un large compromis n’est pas trouvé avec le gouvernement et l'assurance-maladie », de ne pas soutenir la signature d’un avenant conventionnel par la CSMF. 


Source : lequotidiendumedecin.fr