Infections à pneumocoque

L’impact de la vaccination

Publié le 16/09/2009
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« LES PNEUMOCOQUES se transmettent très facilement et tous les enfants sont amenés à en rencontrer une ou plusieurs souches, souligne le Pr Jacques Brouard. Quatre-vingt à 85 % d’entre eux vont éliminer la bactérie en quelques semaines ou quelques mois. Quinze à 20 % développeront une infection, surtout une OMA (15 %), éventuellement une infection respiratoire basse (1 %) ou une bactériémie (1 à 3 %), exceptionnellement une méningite ». On sait que les infections invasives à pneumocoques (IIP) touchent essentiellement les jeunes enfants et les personnes âgées. Jusqu’à la mise au point du vaccin conjugué heptavalent (Prévenar des laboratoires Wyeth), on ne disposait que d’un vaccin efficace à partir de deux ans, mais non immunogène chez les plus petits. « L’astuce du vaccin conjugué est de savoir faire faire des anticorps aux jeunes enfants », explique le Pr Brouard. L’introduction du vaccin heptavalent au début des années 2000 a eu un impact très important sur ces IIP. Aux États-Unis, où la vaccination a débuté en octobre 2000, l’incidence annuelle des IIP (tous sérotypes confondus) chez les enfants de moins de 2 ans a baissé de 80 %. Au Québec, la vaccination a été mise en place en 2004 et, dès 2006, on a enregistré une diminution de 72,5 % des IIP chez les moins de 5 ans. « En France, les résultats sont moins spectaculaires, parce que la mise en route de la vaccination a été trop progressive et l’intitulé de l’AMM initiale quelque peu alambiquée », explique le Pr Brouard. Néanmoins, le réseau Epibac a mis en évidence une diminution de 38 % des bactériémies à pneumocoques entre la période prévaccinale 1998-2002 et2007.

La vaccination a eu aussi un impact sur les pneumonies : les hospitalisations pour pneumonie à pneumocoque chez les moins de 2 ans a baissé de 65 % aux États-Unis. Au Québec l’incidence des pneumonies franches lobaires aiguës a chuté de 72 % chez les enfants de moins de 5 ans et on a observé une diminution de 13,2 % des pneumonies toutes causes confondues.

La mise en place de la vaccination antipneumococcique des nourrissons a eu aussi un effet sur le portage nasopharyngé. « Seuls les vaccins conjugués permettent une diminution du portage nasopharyngé du pneumocoque », précise le Pr Brouard. La baisse du portage diminue la transmission, mais cette réduction ne concerne que les sérotypes inclus dans les valences vaccinales, avec pour conséquence le remplacement des sérotypes vaccinaux par des sérotypes non vaccinaux, comme l’illustrent les données de l’Observatoire du portage nasopharyngé du pneumocoque.

Sur les otites, le vaccin affiche également un effet favorable avec une baisse de 6 % des OMA tous germes confondus. Les OMA dues au pneumocoque ont diminué de 34 % et celles liées à un des sérotypes vaccinaux de 57 %, mais les OMA à sérotypes non vaccinaux ont augmenté de 33 %. « La combinaison du plan antibiotique et de l’introduction du vaccin conjugué heptavalent a en outre entraîné une diminution significative des souches de pneumocoque de sensibilité diminuée à la pénicilline », ajoute le Pr Brouard.

L’ensemble des données disponibles confirment donc l’impact favorable de la vaccination antipneumococcique conjuguée sur les IIP, les pneumonies, les OMA, le portage nasopharyngé des pneumocoques et leur résistance aux antibiotiques.

L’efficacité plus simplement.

Par ailleurs, l’efficacité du schéma comprenant deux injections à deux mois d’intervalle et un rappel à un an (schéma 2+1), démontrée dans plusieurs pays, notamment le Royaume-Uni, la Norvège et le Québec, a conduit le Comité national des vaccinations à le préconiser dans le dernier calendrier vaccinal. « Le nouveau schéma 2+1, c’est l’efficacité plus simplement », commente le Pr Brouard, qui insiste sur la nécessité de faire le rappel à 12 mois. « Le rappel précoce est indispensable pour assurer au plus tôt une mémoire immunitaire à long terme », insiste-t-il Le schéma comportant une primovaccination avec trois doses à 2, 3 et 4 mois et un rappel entre 12 et 15 mois reste de mise pour les prématurés et les enfants à risque, notamment les petits drépanocytaires. « Les efforts doivent être poursuivis pour améliorer la vaccination antipneumococcique, et ce schéma simplifié devrait y contribuer », estime le Pr Brouard. Les données 2008 montrent en effet que, deux ans après sa généralisation, si 86 % des 3-12 mois ont reçu au moins une dose de Prévenar, seulement 65 % des 5-7 mois sont bien vaccinés (primovaccination) et 54 % des 16-24 mois ont eu leur rappel.

« Rendez-vous du Quotidien » consacré aux infections à pneumocoque avec le soutien institutionnel des laboratoires Wyeth.

 Dr MARINE JORAS

Source : lequotidiendumedecin.fr