Loi de santé : la vaccination déléguée aux vétérinaires

Publié le 01/04/2015
Article réservé aux abonnés

Devant la fronde des médecins libéraux, Marisol Touraine est revenue sur son intention de confier la vaccination aux pharmaciens. Mais l’un des 70 nouveaux amendements gouvernementaux au projet de loi de santé examiné depuis mardi à l’Assemblée nationale prévoit de confier la vaccination aux vétérinaires. Les vétérinaires sont qualifiés à administrer certains vaccins dans un espace dédié de leur cabinet, explique l’exposé des motifs de l’amendement 0104 dont le Quotidien a pris connaissance. Ils pourront pratiquer les vaccinations dont une liste sera fixée par arrêté après avis du Haut Conseil de la santé publique. »

Un décret en Conseil d’État fixera les titres ou formations requis pour pratiquer ces vaccinations. Ce texte précisera « les conditions techniques dans lesquelles elles doivent être réalisées et les modalités selon lesquelles le vétérinaire transmettra au médecin traitant les informations relatives à ces vaccinations, et le cas échéant les insèrent à son dossier médical partagé ».

 

Renforcer la couverture vaccinale

Les Conseils nationaux des Ordres des médecins et des vétérinaires seront tenus de déterminer d’ici à la fin de l’année les modalités de la transmission de ces informations entre professionnels.
La décision de déléguer la vaccination s’inscrit dans le cadre du programme national d’amélioration de la politique vaccinale en France.
Le gouvernement souhaite en effet renforcer la couverture vaccinale en France qui recule depuis plusieurs années, plus particulièrement depuis le fiasco de la campagne de vaccination contre la grippe H1N1 fin 2009.

Selon l’assurance-maladie, la couverture vaccinale contre la grippe en 2013-2014 était évaluée à 52 % chez les personnes âgées de 65 ans et plus, alors que la CNAM mise sur un objectif de 75 % dans le cadre de la rémunération sur objectifs de santé publique. La vaccination chez le vétérinaire devrait permettre d’améliorer ces statistiques, notamment en milieu rural et auprès des agriculteurs, catégorie de la population dont la couverture vaccinale est médiocre.

Une décision guidée par l’efficience économique

Selon nos informations, cette décision serait également dictée par des considérations économiques. L’acte sera en effet moins cher chez le vétérinaire – cotée un demi-C – que chez un médecin généraliste (23 euros).
Plusieurs expérimentations ont été menées en Espagne et en Italie dont les résultats ont été jugés positifs en termes de satisfaction des bénéficiaires, de taux de couverture, de libération de temps médical et infirmier pour les activités cliniques prioritaires, etc.

Pas sûr que le corps médical, échauffé par plusieurs dispositions jugées délétères du projet de loi de santé (tiers payant généralisé, refondation du service public hospitalier, testings...) apprécie cette mesure.
Fin 2011, une élue socialiste avait déclenché un tollé en proposant de remplacer les médecins par des vétérinaires dans les zones médicalement sous dotées.
Cette initiative avait alors fait vivement réagir le monde médical et politique.

Vilar d’Isponos


Source : lequotidiendumedecin.fr