À Lyon, les médecins la Croix-Rousse en grève contre le transfert de la transplantation hépatique

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Publié le 13/12/2017
croix rousse

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Crédit photo : AFP

L'ensemble des praticiens hospitaliers hépatologues, gastro-entérologues, chirurgiens, anesthésistes-réanimateurs et radiologues de l'hôpital de la Croix-Rousse ont déposé un préavis de grève de 24 heures ce mercredi pour protester contre le projet de la direction des Hospices civils de Lyon (HCL) de transférer la transplantation hépatique sur le site de l'hôpital Édouard-Herriot.

Hors urgences, les 20 salles de bloc de la Croix-Rousse vont rester inoccupées toute la journée, les opérations programmées de transplantation hépatique adulte ayant été repoussées. 

Réunis en association de défense du projet médical du pôle nord (SOS Pôle Nord) des HCL, 100 à 200 médecins et soignants de la Croix-Rousse devaient entamer une marche ce mercredi, au départ de Croix-Rousse, à 15 heures, en direction des quais des Célestins et du siège des HCL, où une délégation doit être reçue à 16 heures.

Ils réclament un moratoire sur la décision de transfert. En parallèle, une pétition ayant réuni plus de 5 600 signatures tourne sur les réseaux sociaux. Si le mouvement de grogne est transdisciplinaire, les 40 anesthésistes de la Croix-Rousse sont l'une des spécialités les plus mobilisées (100 % de grévistes) avec les radiologues. La ministre de la Santé Agnès Buzyn a été alertée par courrier. 

Manque de cohérence

Les professionnels reprochent à la direction du CHU lyonnais une décision « brutale, rigide, unilatérale », sans concertation selon eux avec la commission médicale d'établissement et selon « un calendrier irréalisable [qui] va totalement déstabiliser toute une filière de soin régionale ». Le projet de transfert commencerait en avril pour être effectif fin 2018. La Croix-Rousse enregistre 80 à 100 transplantations par an.

Selon le Dr Nicole Smolski, anesthésiste-réanimateur à la Croix-Rousse, administratrice du Syndicat national des praticiens hospitaliers en anesthésie-réanimation élargi (SNPHAR-e), la direction a voulu ce transfert sur le site de l'hôpital Édouard-Herriot afin d'augmenter l'activité à 130 greffes par an.

Le praticien ne décolère pas : « Nous avons mis 30 ans à monter cette activité, c'est la colonne vertébrale de la Croix-Rousse qui mobilise 500 personnes. Édouard-Herriot va déjà accueillir l'hôpital militaire Desgenettes et un trauma center, il n’y a pas assez de place pour accueillir l'ensemble de la filière pré- et post-transplantation là-bas ! » Les contestataires craignent aussi que la délocalisation de la seule activité chirurgicale de transplantation hépatique adulte (sans l’ensemble des compétences médico-chirurgicales) mettent en péril la sécurité des patients.

Tournis 

Au-delà du rejet de cette décision, les praticiens protestent contre une politique médicale globale du CHU qui manque selon eux de cohérence. « Les médecins ont le tournis, analyse le Dr Smolski. À la Croix-Rousse, on nous prend ici une activité, on en met là une autre, et on remet ailleurs une dernière. Chirurgies thoracique et bariatrique, ORL et maintenant la greffe ! Il n'y a aucune vision à moyen ou long terme de l'organisation des soins hospitaliers à Lyon. »

La grève de ce mercredi ne sera pas reconduite dans l'immédiat. En revanche, prévient le Dr Smolski, des actions sont déjà envisagées en janvier si la direction des HCL reste sur sa décision. 

 

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Source : lequotidiendumedecin.fr