Maintien à domicile, aides financières, nouveaux modèles d'EHPAD : 60 % des Français réclament une loi sur le grand âge, selon le SYNERPA

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Publié le 16/06/2021

Crédit photo : S.Toubon

« La situation s'est nettement améliorée et la vie normale reprend presque », s'est félicitée Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale du Syndicat national des établissements et résidences privés pour personnes âgées (SYNERPA), à la veille de son congrès annuel, ces 17 et 18 juin à Paris. Avec 514 cas sur 7 000 établissements et 34 décès enregistrés la semaine passée, les EHPAD, durement touchés pendant la crise sanitaire, peuvent désormais souffler.

Pour cette organisation, qui fête ses vingt ans, l'heure est désormais venue de tirer les leçons de l'épidémie pour envisager « une nouvelle façon d'accompagner nos aînés ». Car selon un sondage IFOP*, commandé à cette occasion, les Français sont très partagés quant à la gestion de cette crise inédite dans les EHPAD et attendent de pied ferme une grande réforme de la politique du grand âge.

Satisfecit sur la vaccination

S'agissant de la maîtrise à proprement parler de l'épidémie, seul un Français sur deux (50 %) estime qu'elle a été bonne. Ce chiffre est encore un peu plus faible lorsque la question concerne spécifiquement l'organisation des visites des familles des résidents : seulement 46 % des personnes interrogées s'en disent satisfaites. À l’inverse, 66 % du panel estime que la campagne de vaccination a été bien gérée.

Néanmoins, les professionnels exerçant en EHPAD gardent une bonne popularité auprès des Français. 72 % d'entre eux ont une bonne image de ces métiers. Il y a un consensus profond de la population (92 %) autour de l'idée que ces professions sont des métiers d'avenir en raison du vieillissement de la population.

Après la crise, qui a mis en lumière les difficultés existantes dans les EHPAD, les Français sont dans l'attente d'une réforme de la politique du grand âge. Ils sont 60 % à appeler de leurs vœux une loi dès le mois de septembre. Leurs priorités, quant aux mesures qu'elle devra contenir, sont claires : le développement des services d'aide aux personnes âgées (cité par 59 % du panel), la création d'allocations et d'aides financières à l'hébergement en EHPAD (48 %), la revalorisation de l'allocation personnalisée d’autonomie (41 %) et la création de nouveaux EHPAD (33 %).

La médicalisation, un « enjeu majeur »

Cette fameuse loi, Florence Arnaiz-Maumé aussi l'attend avec impatience. Reçue à deux reprises par le gouvernement aux côtés des autres fédérations d'établissements (publics, privés et associatifs), elle se montre plutôt optimiste sur le calendrier parlementaire : « nous avons bon espoir que cette loi soit mise en œuvre avant la fin du quinquennat ».

La déléguée générale fixe déjà ses priorités pour ce texte vraisemblablement rebaptisé « loi pour les générations solidaires ». Un « enjeu majeur », dit-elle, concernera la médicalisation des EHPAD. « Nous avons besoin de plus d'infirmières, d'aides-soignantes, de médecins et de nouveaux métiers », plaide la responsable. À ce titre, Florence Arnaiz-Maumé, s'émeut des négociations qui n'aboutissent pas avec l'exécutif pour étendre au secteur privé les revalorisations des grilles d'une vingtaine de métiers paramédicaux issues du Ségur de la santé. « Nous regrettons une inégalité de traitement avec le public », dénonce-t-elle.

Pour médicaliser plus amplement les EHPAD, le SYNERPA demande plus de moyens en provenance de l'Assurance-maladie. « À ce stade, il faudra attendre 2024 pour que la nouvelle cinquième branche soit abondée davantage, s'impatiente Florence Arnaiz-Maumé. C'est beaucoup trop tardif, il nous faut des crédits dès cette future loi ».

Enfin, le dernier grand axe devra s'attaquer à l'aide à domicile, « parent pauvre » de cette crise sanitaire. « Il faut un big bang de l'offre », milite la patronne du SYNERPA qui dénonce une « désorganisation » du système entre les structures qui proposent de l'aide et celles qui proposent du soin. « Les Français veulent vivre à domicile le plus longtemps possible, il faut pouvoir leur proposer des services d'aide et de soins », exhorte-t-elle.

* Enquête réalisée par l'IFOP pour le SYNERPA au mois de mai par questionnaire en ligne auprès d'un échantillon représentatif de la population française de 1 500 personnes


Source : lequotidiendumedecin.fr