Sans aucune concertation avec les soignants, l’ALD 12 exonérant du reste à charge les malades souffrant d’une hypertension artérielle sévère avait été supprimée par un décret du 11 juin 2011. À juste titre, lors du premier tour de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron avait indiqué son intention de rétablir l’accès à l’ALD 12 pour les personnes souffrant d’une hypertension artérielle sévère. Son annonce doit rapidement devenir une réalité.
1° La persistance d’un reste à charge est encore pour certaines personnes un obstacle au suivi d’un traitement quotidien au long cours et à des consultations périodiques. Dans l’hypertension artérielle, la mauvaise observance du traitement empêche le contrôle tensionnel et expose donc aux complications de la maladie, accident vasculaire cérébral, infarctus du myocarde, accident oculaire, insuffisance rénale, toutes complications d’incidence réduite par un traitement bien prescrit et bien suivi.
2° La prescription croissante de génériques a réduit en France les coûts de prescription des médicaments cardiovasculaires d’environ 2,2 milliards d'euros annuels à 1,2 milliard annuels. Le coût du traitement de l’hypertension artérielle a donc diminué pour la communauté, mais laisse à l’hypertendu sévère sans complémentaire un coût de traitement d’environ 150 euros annuels.
3° À travers la terminologie de « Maladies Chroniques », on veut faire évoluer la médecine des prochaines années vers l’utilisation de mesures télétransmises (ici les chiffres tensionnels, souvent mesurés à la maison), et les hospitalisations de jour justifiées (indispensable pour les hypertensions artérielles secondaires à une autre maladie, les hypertensions résistantes, les hypertensions compliquées). Malheureusement, le point de repère utilisé pour les changements organisationnels concernant les maladies chroniques est le plus souvent l’existence d’une ALD. De ce fait, l’hypertension artérielle se trouve exclue des projets d’organisations nouvelles, qui sont indispensables pour près de dix millions de personnes traitées pendant trente à cinquante ans.
4° Les termes du décret lui-même, malheureusement repris en copié-collé dans différents textes administratifs, ont introduit une erreur majeure, en voulant faire de l’hypertension artérielle un facteur de risque vasculaire (le fameux petit risque…) et non pas une maladie. Cette distinction a été discutée dans de nombreuses pathologies, et il ne viendrait à personne l’idée de dire que les hépatites ne sont pas des maladies mais seulement des facteurs de risque du cancer du foie ou que le diabète n’est pas une maladie, mais un facteur de risque de maladies vasculaires.
Pour toutes ces raisons, l’accès à l’ALD de l’hypertension artérielle sévère ou résistante, mieux définie, est indispensable aux pratiques médicales et aux personnes malades.
À distance des médiocrités et des suspicions rencontrées souvent au cours de campagnes électorales, il est possible de se porter garant de l’utilité de l'ALD 12, dans le système actuel des ALD qu’il faut d’ailleurs peut-être réformer, et de l’indépendance totale de tout lobbyisme industriel ou autre dans cette demande pressante.
* Néphrologue de formation, ancien Directeur général de la Santé, le Pr Joël Ménard est Professeur émérite de Santé Publique, à la faculté de médecine Paris-Descartes
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