L’AUGMENTATION des cas de coqueluche observée, à partir des années 1980, chez des adolescents et des adultes qui avaient pourtant été vaccinés dans l’enfance est encore mal expliquée. Des Américains ont étudié ce phénomène à l’aide d’un nouveau modèle mathématique. Selon eux, avant l’introduction de la vaccination, le renforcement de l’immunité naturelle acquise à l’occasion de contacts répétés avec Bordetella pertussis pouvait expliquer le maintien d’une certaine immunité de groupe chez les adultes et les adolescents. La réduction de la circulation de l’agent pathogène après la vaccination a pu affecter cet effet, pouvant expliquer la résurgence de la maladie dans cette tranche d’âge.
L’augmentation de l’incidence de la coqueluche dans la population adolescente et adulte, qui a été constatée une quarantaine d’années après l’introduction de la vaccination anti-coquelucheuse aux États-Unis*, montre qu’il s’est produit une érosion de l’immunité collective (herd imunity) en dépit de l’immunisation.
Trois hypothèses.
Il existe trois hypothèses pour expliquer cette évolution de l’incidence de la maladie : une amélioration du diagnostic ; une évolution antigénique de B. pertussis par rapport à la souche originale utilisée pour la confection du vaccin ; ou bien une modification des réponses immunitaires contre le micro-organisme à l’échelle de la population.
Afin d’essayer de comprendre la résurgence de la coqueluche et le déplacement de son incidence (de l’enfance, avant la vaccination, à l’adolescence, après l’introduction de cette dernière), les chercheurs ont développé un modèle mathématique appelé SIRS (Susceptible-Infectious-Recovered-Susceptible). Celui-ci permet de prendre en compte le fait que le renforcement de l’immunité (naturelle) peut, éventuellement, être plus important que la force d’infection, exprimée par le rapport lambda). En épidémiologie, lambda représente la vitesse à laquelle des individus réactifs (susceptible) contractent une infection. Il est calculé par le rapport suivant : nombre de nouvelles infections/nombre de sujets réactifs exposés x durée moyenne de l’exposition.
Ce modèle montre, pour simplifier, que la probabilité pour que l’immunité d’une personne partiellement guérie soit renforcée est très supérieure à celle d’un sujet réactif qui est infecté. L’autre conclusion des auteurs est que le renforcement de l’immunité naturelle a probablement été assez courant durant la période précédant l’introduction de la vaccination, c’est-à-dire quand la force d’infection, en termes épidémiologiques, était à son pic. Ce qui pourrait expliquer pourquoi on observait alors une très faible incidence de la coqueluche chez l’adulte. Enfin, la résurgence de la coqueluche dans les parties du monde avec de bons programmes de vaccination pourrait être rattachée à un franchissement du seuil de couverture vaccinale au-delà duquel la force d’infection demeure basse la plupart du temps et, par conséquent, se traduit par des taux de renforcement de l’immunité également bas, accompagnés d’une perte relativement rapide de la réactivité immunitaire.
JS Lavine, AA King et ON Bjornstad. Natural immune boosting in pertussis dynamics and the potential for long-term vaccine failure. Proc Ntl Acad Sci USA (2011) Publié en ligne
* La vaccination contre la coqueluche a démarrée dans les années 1940 aux Etats Unis, en 1959 en France.
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