Rougeole : troisième décès en France en 2018

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Publié le 06/07/2018
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Crédit photo : PHANIE

Une jeune fille de 17 ans est décédée « des suites de complications neurologiques » provoquées par la rougeole, au CHU de Bordeaux, annonce ce 6 juillet l'agence régionale de santé (ARS) de Nouvelle-Aquitaine. Elle était immunodéprimée et n'avait donc pu être vaccinée. Ce qui rappelle, en creux, la nécessité de la vaccination collective.

C'est, depuis le début de l'année 2018, le troisième décès lié à la rougeole (le 23e depuis 2008). Et le second en Nouvelle-Aquitaine. En février, une femme de 32 ans qui n'avait jamais été vaccinée est décédée à Poitiers (Vienne), après avoir accompagné son père au CHU. Puis le 27 juin, Santé publique France rendait publique dans son « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » la mort d'un jeune homme de 26 ans, à Marseille. Comme la jeune fille de 17 ans, il s'agissait d'une personne immunodéprimée.

« Un décès parfaitement évitable », déplorait dans nos colonnes le Dr Denise Antona, médecin épidémiologiste à Santé publique France. « L'entourage immédiat des personnes immunodéprimées, qui ne peuvent pas fabriquer d'anticorps contre le virus, doit impérativement être vacciné pour les protéger. » Tout comme l'entourage des enfants de moins de 1 an et des femmes enceintes. « Les personnes ayant eu la rougeole ou ayant été vaccinées, mais sous immunosuppresseurs, perdent leurs anticorps et sont de nouveau à risque », précisait le Dr Antona. « Les médecins généralistes et les pédiatres doivent vérifier le statut vaccinal de leurs patients et être extrêmement vigilants concernant l'entourage des personnes à risque », ajoutait-elle.

Fin de l'épidémie en Nouvelle-Aquitaine, mais couverture vaccinale insuffisante

Depuis le mois de novembre 2017, 1 096 cas de rougeole ont été diagnostiqués en Nouvelle-Aquitaine (2 567 en France). Un cas sur quatre a nécessité une hospitalisation, et 12 ont été admis en réanimation, précise l'ARS. Près de 90 % de ces cas n'étaient pas vaccinés, ou l'étaient insuffisamment (une seule dose).

Depuis fin mars, l'épidémie décline dans la région, comme en métropole. Elle est considérée aujourd'hui comme terminée avec 10 cas confirmés par mois en Nouvelle-Aquitaine. Mais l'ARS appelle à la vigilance puisque le taux de couverture vaccinale contre la rougeole reste insuffisant (77 % pour les deux doses selon les chiffres de 2016, vs un objectif de 95 %). En métropole, la couverture vaccinale varie de 62 % à 88 % selon les départements.

« La rougeole n'est pas une maladie bénigne. Nous sommes sortis de l'épidémie, mais il peut y avoir un rebond épidémique à distance d'où l'importance de rester vigilant », insiste le Dr Matthieu Méchain, médecin à l'ARS Nouvelle-Aquitaine (Cellule de veille, d'alerte et de gestion sanitaire).

L'ARS recommande à la population de vérifier son statut vaccinal et en cas de doute de se faire vacciner, pour se protéger, et protéger ceux qui ne peuvent être vaccinés. « En post-exposition, des immunoglobulines peuvent être administrées aux enfants de moins de 6 mois, voire 1 an, aux femmes enceintes ou aux personnes immunodéprimées dans les 6 jours après le contact avec un patient rougeoleux, en lien avec l'hôpital le plus proche », rappelle le Dr Méchain. Les médecins doivent aussi penser à recevoir un patient rougeoleux sans le faire patienter en salle d'attente, à le questionner pour savoir s'il a été en contact avec des personnes fragiles, et à recommander les mesures barrière d'hygiène.

Pour rappel, le vaccin contre la rougeole (ROR) fait désormais partie des 11 vaccins obligatoires que tous les enfants nés depuis le 1er janvier 2018 doivent recevoir.


Source : lequotidiendumedecin.fr