Syndicats médicaux : trop nombreux, trop divisés ! jugent les lecteurs du « Quotidien »

Par
Publié le 02/12/2019

Crédit photo : S. Toubon

Comment les praticiens libéraux jugent-ils les syndicats qui les représentent ? Alors que les lignes bougent en ville (lire notre dossier), les lecteurs/internautes du « Quotidien » ont été sondés en ligne pour connaître leur ressenti. 246 médecins libéraux ont répondu à nos questions (les médecins hospitaliers ont été écartés de ce panel), dont 149 médecins généralistes et 97 spécialistes.

Leur constat est sans appel : 85 % des médecins libéraux ne s'estiment pas correctement défendus par les syndicats actuels, même si on peut penser que les plus insatisfaits ont répondu. Les causes avancées sont multiples : des syndicats jugés « trop nombreux »« trop politisés », ne défendant « pas assez les spécialistes » mais aussi « manquant de représentativité » et « soumis à la dépendance financière à la Sécu ». 

La désunion, le « morcellement » reviennent à de nombreuses reprises dans les réponses exprimées des libéraux. « Chacun pour soi. Aucune unité. Dans les médias on interroge des profs de CHU pour parler de la médecine libérale », se désole ce généraliste. Un autre évoque « l'individualisme forcené des libéraux qui ne râlent que lorsque leur spécialité est en cause, et se moquent bien de ce qui arrive aux confrères ».

Au biberon des fonds conventionnels

La critique collatérale porte sur l'efficacité. « Ils font trop de compromis sans avoir de vision à long terme et sans unité syndicale ». « Avoir trop de syndicats tue le message ! On ne nous entend pas ! », complètent ces deux spécialistes.

Sur le financement des syndicats représentatifs, qui dépend à la fois des cotisations des adhérents mais aussi de la signature de la convention médicale, plusieurs confrères regrettent « un manque d’indépendance par rapport aux financeurs », ce qui amène les centrales à « toujours signer pour quelques miettes en plus ». 

Et ce, alors que « la valeur de l'acte a dramatiquement baissé depuis 50 ans en euros courants », constate ce généraliste. « Ils sont élevés au biberon de l’argent conventionnel, ont peu d’adhérents, ne sont pas représentatifs et n'ont donc pas de légitimité », assène un collègue spécialiste.

Défense tous azimuts

Pourtant – bonne nouvelle pour les centrales – la profession exprime beaucoup d'attentes vis-à-vis de ses représentants. Le mot « défense » est celui qui revient le plus souvent : que ce soit de « la profession », « la médecine libérale », « l'indépendance », « la liberté d'installation » ou « du travail et des années d'étude »

Un généraliste réclame « une information pratique et fiable pour gérer ma pratique, pour découvrir et faciliter la mise en œuvre de soins médicaux et psychosociaux intégrés ». « Les syndicats devraient consulter leurs adhérents pour préparer les négociations avec le ministère, l'Ordre et les agences régionales de santé », ajoute-t-il. 

Ce spécialiste attend surtout une vision professionnelle à long terme « cohérente pour la médecine libérale et hospitalière », mais qui soit défendue « activement face aux autorités de tutelles qui ne font que du court terme à cause des élections futures ».

Trop loin du terrain

Pour changer de paradigme, les médecins libéraux avancent plusieurs pistes. Le regroupement – que ce soit au niveau des spécialités, d'un syndicat polycatégoriel voire interprofessionnel – est très souvent cité, gage d'efficacité. « Il faut travailler en relation avec les autres syndicats de médecins, de pharmaciens, d'infirmières », plaide un spécialiste.

Un médecin de famille propose à cet égard « de faire bloc » sur tous les sujets qui comptent (l'indépendance professionnelle, la retraite, la rémunération) tandis qu'un confrère rêve d'« une union syndicale offensive ». Les syndicats devraient plutôt se rapprocher « des milliers d'acteurs sur le terrain », soutient un lecteur.

Plusieurs voix s'élèvent pour rendre obligatoire l'adhésion syndicale. La cotisation serait payée « en même temps que celle à l'Ordre », proposent des généralistes. Du point de vue financier, le salut passe, pour certains, par « la fin de la prime à la signature conventionnelle » afin de garantir « l'indépendance et la liberté », estime ce spécialiste. Un autre juge qu'il faut « plus de moyens dans les départements », estimant sans doute que les syndicalisme médical reste trop parisien... 


Source : lequotidiendumedecin.fr