De l’hospice à l’hospitalisation comme à la maison

Un siècle d’humanisation

Publié le 22/10/2009
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Crédit photo : AP-HP/ARCHIVES

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Crédit photo : AP-HP/ARCHIVES

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Crédit photo : AP-HP/ARCHIVES

HUMANISATION des hôpitaux. L’expression surprend concernant un lieu qui ne traite que de l’humain. Elle a fini par s’imposer en 1956. Mais le chemin de la réalisation sera long. C’est une série de lois sociales, à partir de 1898 et surtout celles de 1928 et 1930 sur les assurances sociales, qui vont pousser à la transformation des hospices destinés aux indigents et aux assistés en lieux susceptibles d’accueillir les classes moyennes.

La prise de conscience s’opère en 1929, lorsqu’une délégation de la Fédération des unions hospitalières de France se rend au premier congrès international à Atlantic City, aux États-Unis. Les Français sont épatés par le niveau de confort des établissements américains qui vont servir de modèle. Le modernisme entre en scène dans les nouvelles constructions, comme l’hôpital Beaujon. Des affiches invitent au respect des malades.

En1945, l’adoption des lois de sécurité sociale convertit l’institution en service public. L’hôpital pour tous est en marche. Mais si l’on expérimente beaucoup en introduisant des couleurs, du mobilier (on voit arriver des tables de malades), des hôtesses pour les salles d’attente, les moyens ne suivent pas. D’autant plus qu’ils se portent sur les équipements techniques nécessaires à la réputation de la médecine française. Alors qu’une circulaire de 1944 recommande de ne pas dépasser six lits par salle, en 1960, les salles communes ont encore 60 lits, habilement visualisés dans l’exposition. Problèmes de place, de personnel et de financement, la dernière salle commune ne sera fermée qu’en 1980.

Ce sont les directeurs d’hôpital qui vont brandir la bannière de l’humanisation en cherchant à mobiliser l’opinion publique, allant jusqu’à organiser en 1959 la semaine nationale des hôpitaux. Il faut aussi lutter contre la concurrence du privé.

La pression des médias.

La parution, le 5 décembre 1958, de la première circulaire ministérielle relative à l’humanisation des hôpitaux, n’est pas étrangère à la pression des médias, comme le rappelle la vitrine consacrée à l’affaire Peggy. Cette petite fille est décédée seule à l’hôpital en 1952, sans que sa mère ait eu l’autorisation de rester auprès d’elle. Le livre poignant relatant ce drame va paraître justement en 1958. La pression reste exercée aujourd’hui par les dossiers spéciaux des magazines : palmarès ou livre noir des hôpitaux selon les cas.

À partir de 1974, dans la ligne du rapport Ducamin, les droits des malades s’imposent progressivement, jusqu’à la loi de 2002. Les chartes remplacent les règlements illisibles. La démocratie sanitaire s’installe. Les associations sont de plus présentes au sein même de l’hôpital (et non plus seulement les visiteurs d’hôpitaux). En parallèle, on se soucie aussi de l’humanisation des conditions de travail des soignants. Les vitrines présentent des bribes de tout ce qui s’est mis en place depuis trente ans, avec plusieurs vidéos de témoignages qu’il faut prendre le temps d’écouter. La maquette d’une réalisation exemplaire, la salle des départs de l’hôpital Raymond Poincaré, à Garches, peut apparaître comme l’ultime étape de la démarche.

Aujourd’hui l'humanisation cède le pas à la qualité mesurée, évaluée, chiffrée. On parle désormais d’amélioration. Et demain ? Le parcours s’achève sur une chambre d’hôpital « comme à la maison », avec son terminal multimédia, son lit confortable et même un robot thérapeutique dont on peut caresser la fourrure blanche…

« L'humanisation de l'hôpital. Mode d'emploi », musée de l’AP-HP (hôtel de Miramion, 47, quai de la Tournelle, Paris 5 e, jusqu’au au 20 juin 2010. Ouvert du mardi au dimanche de 10 à 18 heures). Catalogue, DVD, expositions itinérantes.

Voir également notre article Quotimed « Musée de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris ».

MARIE-FRANCOISE DE PANGE

Source : lequotidiendumedecin.fr