Le Haut Conseil de la santé publique (HCSP), qui a pris en compte les dernières données scientifiques disponibles, estime que la transmission sexuelle du virus Zika est « probable ».
Le HCSP précise toutefois que les données « sont, à ce jour, trop peu nombreuses pour évaluer son importance dans la transmission du Zika ». Mais, estime le Haut Conseil, cette transmission sexuelle « est probablement négligeable par rapport à la transmission vectorielle ».
Seulement deux cas et une seule publication
Deux cas seulement d'une telle transmission ont été documentés. Dans leur avis, les experts rappellent que « la première et seule observation publiée à ce jour » concerne un couple américain du Colorado en 2008. Le mari a contracté l’infection au Sénégal et a déclaré la maladie 4 jours après son retour et présenté des signes urinaires dès le lendemain. Une hématospermie est apparue 4 jours après l’apparition des signes généraux et a duré 4 jours.
La femme qui n'avait pas voyagé a déclaré la maladie neuf jours après le retour de son mari. Le seul facteur de risque retrouvé est l’existence de relations sexuelles avec son mari dans les jours qui ont suivi son retour et jusqu’à l’apparition de ses symptômes. Le virus Zika n’a pas été recherché dans le sperme. Le diagnostic a été confirmé par la sérologie chez les deux patients. Le deuxième cas a été signalé en janvier 2016 au Texas chez une patiente dont le partenaire sexuel revenait d’un voyage au Venezuela. « Aucun autre détail n’a été donné à ce jour », souligne le HCSP.
Par ailleurs, une seule observation a été publiée sur l’existence de virus dans le sperme. Il s'agissait du cas d'un patient de Tahiti qui présentait une hématospermie apparue deux semaines après l’épisode infectieux de Zika présumé. La PCR Zika était positive dans le sperme et dans les urines mais pas dans le sang.
La durée d'excrétion du virus semble débuter avant la phase clinique (patient du Colorado) et persiste 2 semaines après l'infection, soit une durée à considérer de 5 jours avant l’apparition des signes cliniques à au moins 18 jours après sans qu'on puisse déterminer une durée maximale.
Rapports protégés
Compte tenu de ces éléments, le HCSP formule des recommandations « de précaution » qui viennent compléter ses précédentes recommandations. Leur objectif : prévenir la survenue d’embryo-fœthopathies liées à une infection de la mère pendant la grossesse.
Dans le cas de personnes vivant dans les zones d'épidémie, le HCSP recommande, en plus des mesures antivectorielles, aux femmes enceintes d’éviter tout rapport sexuel non protégé pendant la durée de la grossesse ; aux femmes ayant un projet de grossesse ou en âge de procréer, d’envisager une contraception pendant la durée de l’épidémie. Le Haut Conseil demande aux hommes d’éviter tout rapport sexuel non protégé avec une partenaire enceinte, ayant un désir de grossesse ou en âge de procréer, pendant la durée de l’épidémie.
Report du voyage ou de la grossesse
En dehors des zones d'épidémie, le HCSP recommande aux femmes enceintes et aux femmes ayant un projet de grossesse ou en âge de procréer d’éviter tout rapport sexuel non protégé avec un homme ayant pu être infecté par le virus Zika au moins 1 mois après son retour d'une zone d’épidémie ou pour une plus longue durée (qui ne peut actuellement être précisée) s’il a présenté des signes cliniques évocateurs de Zika ou si l’infection a été confirmée chez lui.
Les femmes enceintes qui envisagent de se rendre dans une zone d'endémie doivent reporter leur voyage – si elles ne peuvent le faire, elles doivent éviter tout rapport sexuel non protégé pendant et après le voyage (avec un homme ayant pu être infecté). Les femmes ayant un projet de grossesse ou en âge de procréer qui veulent se rendre dans une zone d'épidémie doivent reporter leur projet de grossesse (contraception ou rapports protégés).
Appel pour l'usage du préservatif
Pour toutes les autres femmes et pour les hommes, le conseil est d’éviter tout rapport sexuel non protégé avec un partenaire ayant pu être infecté par le virus Zika au moins un mois après son retour d'une zone d’épidémie (ou pour une plus longue durée s’il a présenté des signes cliniques évocateurs de Zika ou si l’infection a été confirmée chez lui).
Interrogée dimanche lors de l'émission « Le Grand Jury » sur RTL/Le Figaro/LCI, la ministre de la Santé Marisol Touraine, qui doit se rendre en Guadeloupe, Martinique et Guyane du 24 au 29 février, a appelé à la vigilance : « J'appelle les femmes enceintes à être très attentives, il faut que leur compagnon n'ait pas de rapports sexuels sans protection, je recommande l'usage du préservatif », a-t-elle déclaré.
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols
Le texte sur la fin de vie examiné à l'Assemblée à partir de fin janvier
Soumission chimique : l’Ordre des médecins réclame un meilleur remboursement des tests et des analyses de dépistage
Dans les coulisses d'un navire de l'ONG Mercy Ships