Décès de Françoise Héritier

Anthropologue, elle a marqué de son empreinte les premiers pas du Conseil national du sida

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Publié le 20/11/2017
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Crédit photo : AFP

L’ethnologue et anthropologue Françoise Héritier s’est éteinte dans la nuit du 14 au 15 novembre 2017, à l'aube de ses 84 ans. Elle était née le 15 novembre 1933 à Veauche (Loire).

Deuxième femme à enseigner au Collège de France après l'helléniste Jacqueline de Romilly, elle succède en 1982 à Claude Lévi-Strauss à la chaire d'Étude comparée des sociétés africaines. Elle dirige alors le laboratoire d'anthropologie sociale où elle enseigne jusqu'en 1998.

Spécialiste des questions de parenté et de famille, elle participait volontiers aux débats de société sur l'accouchement sous X, l'adoption ou l'aide médicale à la procréation. Favorable au mariage homosexuel mais pas à la gestation pour autrui (GPA), elle se passionnait pour les revendications d'égalité, les nouvelles filiations ou les utopies scientifiques.

Les premiers combats du CNS

Elle fut aussi la première présidente du Conseil national du sida (CNS), dont elle resta membre jusqu’en 1998. « Elle marqua de sa singulière empreinte l’histoire, la culture, le langage et la réflexion du Conseil », souligne aujourd'hui le CNS. En 2014, à l’occasion des 25 ans du CNS, elle écrivait : « Il se peut que ma profession d’anthropologue m’ait amenée à infléchir les travaux et à faire réfléchir un peu différemment les membres du Conseil dont on attendait seulement (…) des avis techniques et éthiques concernant l’épidémie ». Évoquant les combats des premiers temps, elle raconte : « Nous nous saisîmes hardiment nous-mêmes de questions fondamentales, telles le dépistage, que l’opinion publique voulait obligatoire et systématique, la pénalisation de la transmission, la double peine, l’assurabilité des séropositifs, la situation sans confidentialité ni secret médical dans les prisons (…), l’insémination artificielle de couples dont l’un est séropositif, etc. » Françoise Héritier appelait à se méfier du discours actuel trop « triomphaliste ». Le Pr Patrick Yeni, président actuel du CNS et les Prs Alain Sobel et Willy Rozenbaum, anciens présidents ont exprimé « leur vive émotion et de leur tristesse ».

 

Dr Lydia Archimède

Source : Le Quotidien du médecin: 9620