« IL FAUT SUSCITER une dynamique entre les correspondants dans les 26 agences régionales de santé (ARS), chargées de décliner ce plan au niveau régional et les 28 comités de coordinations régionales de lutte contre l’infection à VIH (COREVIH) », déclare le Pr Thierry May. « Les ARS doivent répondre à des objectifs prioritaires de réduction de morbimortalité des maladies chroniques. Or, dans le domaine de l’infection par le VIH, la marge de progrès est devenue, du fait de l’efficacité des trithérapies antirétrovirales, plus étroite qu’il y a dix ans et la réduction de la mortalité de la mortalité espérée est désormais plus faible. De ce fait, nous avons le sentiment que cette infection n’est plus partout considérée en France comme une priorité de santé publique ».
Le point fort du plan est de mettre l’accent sur une stratégie de prévention combinée comprenant le renforcement de l’information, de la prévention comportementale (port du préservatif…), l’élargissement des indications traditionnelles du dépistage à l’ensemble de la population âgée de 15 à 70 ans, et le traitement antirétroviral précoce, à l’heure où l’impact de l’infection par le VIH n’est plus ressenti comme une priorité, tant par la population générale que parmi ceux qui sont le plus exposés. Pourtant, il est essentiel de dépister les 30 000 à 50 000 personnes séropositives qui l’ignorent. Au-delà du bénéfice individuel - le dépistage précoce ayant pour corollaire une prise en charge moins tardive-, un bénéfice collectif est attendu, avec un moindre risque de contamination. « Nous espérons ainsi pouvoir réduire le nombre de nouvelles transmissions, et cela aura d’autant plus de sens que si des mesures significatives comme la promotion de la circoncision, l’accès universel au traitement sont également prises dans les pays du sud », souligne le Pr May.
Une mesure novatrice.
Il semble que les messages de prévention soient bien passés auprès des jeunes, qui ont dans l’ensemble acquis le réflexe du dépistage avant d’avoir des rapports sexuels non protégés. En revanche, la population la plus exposée est celle des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, où la prévalence de l’infection reste élevée. Le plan a ainsi adopté une mesure novatrice pour améliorer le dépistage dans les populations les plus à risque – homosexuels, migrants, prostitués –, en autorisant l’utilisation des tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) par des équipes non médicales mais spécifiquement formées au sein de structures de prévention ou du milieu associatif. Un fond de 3,5 millions d’euros annuels a été débloqué par l’assurance-maladie pour les trois ans à venir pour mettre en place cette mesure novatrice.
Le plan vise à infléchir la dynamique de l’épidémie et à diminuer la morbimortalité, qui a déjà été réduite par un facteur de 4 à 5 depuis 20 ans. Aujourd’hui, les décès ne sont dus aux infections opportunistes du sida que dans un quart des cas, contre 50 % il y a dix ans, et ce sont les comorbidités qui représentent maintenant les principales causes de décès : cancer dans 25 % des cas, maladies cardio-vasculaires dans un quart des cas (plus de deux patients sur trois fument) et complications des coïnfections par les hépatites virales. Au niveau régional, les actions des COREVIH qui sont chargées de la coordination de la prévention, du dépistage, des soins, de la recherche, etc. sont parfois limitées par le manque de moyens supplémentaires…
« Enfin, il ne faut pas oublier la prise en charge sociale et la lutte contre les discriminations. En particulier, nous restons très vigilants afin que les personnes migrantes et étrangères puissent être traitées durablement sur le sol français, même si leur situation administrative n’est pas fixée », conclut le Pr May.
D’après un entretien avec le Pr Thierry May, président du COREVIH Lorraine-Champagne-Ardenne, CHU de Nancy, hôpitaux de Brabois.
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