Une étude parue dans le « Lancet Respiratory Medicine », associée à un commentaire, montre l’implication de maladies infantiles et d’expositions environnementales dès le plus jeune âge dans la survenue de la BPCO – et l’amplification par d’autres facteurs de risque à l’âge adulte. Cette étude signale la possibilité d’une prévention très tôt dans la vie, passant par le traitement adéquat de l’asthme et la prévention du tabagisme maternel.
Menée sur des résultats provenant d’une cohorte australienne, elle montre que certaines maladies de l’enfance (asthme, bronchite, pneumonie, rhinite allergique et eczéma) ainsi que l’exposition au tabagisme parental sont liées à la maladie. Dans cette étude, 2 438 personnes ont été suivies de 7 ans à 53 ans, ce qui en fait la plus longue et large enquête de ce type. La fonction pulmonaire (via le VEMS) a été évaluée à 7, 13, 18, 45, 50, 53 ans, et l’exposition des participants à différents facteurs de risque enregistrée.
Six « parcours pulmonaires » différents
Les auteurs ont identifié six « parcours pulmonaires » différents, selon la façon dont la fonction pulmonaire change avec l’âge :
- Une fonction pulmonaire inférieure à la moyenne précocement, et un déclin accéléré (4 % des participants)
- Une fonction faible de façon durable (6 %)
- Une fonction faible précocement, puis une croissance accélérée de ladite fonction, suivie d’un déclin normal (8 %)
- Une fonction élevée, de façon durable (12 %)
- Une fonction inférieure à la moyenne (32 %)
- Une fonction moyenne (39 %).
Pour trois de ces trajectoires (les première, deuxième et cinquième), le risque de présenter une BPCO à 53 ans était plus élevé. La première (fonction pulmonaire inférieure à la moyenne précocement et déclin accéléré) était associée à l’asthme infantile, à la rhinite allergique, à la pneumonie ou pleurésie, et à une mère présentant un fort tabagisme. La deuxième (fonction faible de façon durable) était associée à l’asthme infantile, à l’eczéma et à l’asthme parental. Et la cinquième (fonction inférieure à la moyenne), à une pneumonie dans l’enfance.
Plus précisément, 46 % des participants présentant une trajectoire de type 1 ont développé une BPCO, 13 % des participants de la trajectoire 2, et 6 % de ceux de la trajectoire 5, soit, par rapport à la trajectoire 6 (fonction moyenne), un risque multiplié par 35, par 9,5, et par 3,7, respectivement. Ces trois « trajectoires » regroupent donc 35,4 %, 12,6 % et 27,2 % des participants atteints de BPCO à 53 ans – soit plus de 75 % en tout. Et tous les participants touchés par une forme modérée à sévère appartenaient à ces trois trajectoires.
Une place pour la prévention
Les auteurs estiment que les facteurs de risque présents dans l’enfance sont des indicateurs importants du risque de BPCO, et sont aggravés par le tabagisme et l’asthme (à l’âge adulte). Ils pointent l’importance de réduire le tabagisme parental, d’encourager la vaccination, en plus d’éviter de fumer pour minimiser le risque de BPCO, surtout chez les gens dont les parents fument et dont la fonction pulmonaire dans l’enfance est faible. De plus, un traitement approprié et bien suivi de l’asthme, dans l’enfance, pourrait préserver la fonction pulmonaire des asthmatiques et limiter le risque de BPCO.
Les auteurs notent toutefois une limite de leur étude, qui stoppe le recueil des données à l’âge de 53 ans, alors que cette pathologie est généralement diagnostiquée à la soixantaine.
Dans un commentaire, Erika von Mutius, de l’institut de prévention de l’asthme et des allergies à Munich, souligne que « la BPCO a été principalement attribuée au tabagisme actif chez l’adulte mais certains patients n’ont jamais fumé et seulement 20-25 % des fumeurs développent une BPCO ». Ces éléments, et les résultats présentés dans le « Lancet Respiratory Medicine » montrent « l’importance de facteurs précoces dans le développement de la BPCO. » L’auteure conclut que « le tabagisme maternel et l’asthme infantile n’affectent pas directement la fonction pulmonaire précoce mais prédisposent les enfants à un déclin pulmonaire plus rapide s’ils souffrent toujours d’asthme ou fument une fois adultes. »
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