L'efficacité de la castration chimique est le plus souvent temporaire dans les cancers de la prostate avancés. Des chercheurs de l'Institut de recherche sur le cancer de Londres en collaboration avec l'Institut suisse de recherche en oncologie proposent dans « Nature » une nouvelle piste reposant sur l'immunothérapie pour lutter contre la résistance acquise à l'hormonothérapie.
Chez des souris résistantes traitées par le nouvel antiandrogène enzalutamide, l'équipe coordonnée par Arianna Calcinotto a réussi à restaurer l'hormonosensibilité de la tumeur en bloquant l'IL-23, une interleukine produite par les cellules myéloïdes suppressives (MDSC en anglais pour myeloid-derived suppressor cells). En pratique, des anticorps bloquant l'IL-23 sont d'ores et déjà utilisés en dermatologie, notamment dans le psoriasis.
En cause, les cellules myéloïdes suppressives
Les stratégies développées jusque-là contre l'hormonorésistance dans le cancer de la prostate - inhibiteurs des récepteurs à l'androgène (comme l'enzalutamide) ou de la synthèse d'androgènes - se sont révélées insuffisantes avec de nouveau l'apparition de résistance.
Les chercheurs ont exploré la piste immunitaire en partant du fait que les cellules myéloïdes suppressives sont associées à un mauvais pronostic dans le cancer de la prostate. Ces cellules immunitaires, très proches des monocytes et des neutrophiles mais fonctionnellement différentes, sont surreprésentées dans les tumeurs hormonorésistantes.
Blocage prometteur de l'IL-23
Le Pr Andrea Alimonti, de l'Institut suisse de recherche en oncologie et coauteur : « Quand nous avons découvert que les MDSC productrices d'IL-23 étaient le principal sous-type immunitaire infiltrant les tumeurs prostatiques avec une résistance acquise à l'hormonothérapie, nous avons immédiatement compris que ces cellules pourraient être l'une des causes derrière l'émergence des cancers de la prostate résistant à la castration ».
Après avoir montré l'implication directe des MDSC dans la résistance à la castration via la surexpression d'IL-23 (tissus humains, modèles murins), les scientifiques ont testé chez la souris deux hypothèses : le contrôle génétique de l'infiltration tumorale par les MDSC et le blocage pharmacologique de l'interleukine. Le blocage de l'IL-23 obtenu par l'une ou l'autre méthode s'est traduit par l'apparition retardée d'une hormonorésistance et une survie prolongée.
Verdict en clinique
Pour le Pr Paul Workman, directeur général de l'Institut de recherche sur le cancer de Londres, cette étude donne un nouveau souffle à l'immunothérapie dans le cancer de la prostate, jusque-là limitée à des sous-groupes de patients. Le blocage de l'IL-23 en association aux traitements standards pourrait en augmenter l'efficacité, suggèrent les auteurs.
Dans un éditorial, le Dr Matthew Galsky, oncologue à l'hôpital Mount Sinaï (New York) estime qu'il est primordial d'évaluer l'impact des MDSC chez l'homme. « Il est possible que ce soit un mécanisme mineur chez la plupart des patients, un mécanisme majeur pour une minorité, ou quelque chose entre les deux », explique-t-il. L'importance de l'effet et la capacité à sélectionner les patients candidats sont, selon lui, des points déterminants pour leur utilisation en pratique.
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