Les consommateurs de drogues injectables, les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes et les migrants ont fait l'objet de toutes les attentions au cours de la 8e conférence francophone de lutte contre le VIH et les hépatites AFRAVIH qui se tient à Bruxelles du 20 au 23 avril.
Présentés en ouverture du congrès les études ANRS DRIVE-IN et FIBRHIVIET ont mis en évidence l'importance de la technique de réduction des risques pour lutter contre l'épidémie d'infection par le virus de l'hépatite C (VHC) au Vietnam.
Les auteurs de l'étude DRIVE-IN constitué une cohorte de 603 usagers dans la ville d’Hai Phong. Un premier test pour le VHC a été réalisé chez 250 d'entre eux, puis un deuxième, six mois plus tard, chez ceux dont le premier test était négatif. Au premier test de dépistage, 67 % des usagers présentaient un test positif. Cette prévalence est particulièrement élevée (76 %) chez les usagers s’injectant des drogues depuis au moins deux ans. Le suivi des participants initialement séronégatifs pour le VHC montre que plus de 16 % d’entre eux se sont infectés par le virus de l’hépatite C au cours des six mois suivant leur entrée dans la cohorte, soit une incidence de près de 32 nouvelles infections pour 100 personnes chaque année.
Réalisée sur 104 patients recevant un traitement antirétroviral contre le VIH, l'étude FIBRHIVIET montre quant à elle que 41 % des coïnfectés présentent une fibrose hépatique avancée dont un quart est atteint d’une fibrose sévère (10 %) ou d’une cirrhose (13 %).
Également présenté le premier jour du congrès, l'étude CohMSM a recruté 386 hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes séronégatifs pour le VIH au Mali, en Côte d’Ivoire, au Sénégal et au Burkina Faso, dont 316 ont eu au moins un test de dépistage au cours des 6 mois. Les auteurs ont relevé 8 séroconversions, soit un taux d’incidence annuel d’infection de 4,8 %. « Il est nécessaire de mettre en place des programmes spécifiques de prévention et de prise en charge globale chez les HSH de ces pays d’Afrique. Ces programmes devraient inclure la prophylaxie pré-exposition (PrEP) recommandée depuis septembre 2015 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) », concluent les auteurs.
Premier bilan positif pour OPP-ERA
Parmi les autres communications faites en ouverture du congrès, les promoteurs du projet OPP-ERA ont pu dresser un premier bilan de cette initiative lancée en 2013 avec l'aide financière de l'ONUSIDA. Ce projet vise à faciliter l’accès à la charge virale pour les patients vivant avec le VIH dans les pays du Sud et repose sur l’utilisation de plateformes polyvalentes ouvertes peu coûteuses.
« C’est un aspect essentiel de la lutte contre l’épidémie dans ces pays, explique la responsable scientifique du programme OPP-ERA, le Pr Christine Rouzioux (laboratoire de virologie, Hôpital Necker, Université Paris Descartes, Paris). La charge virale VIH permet de détecter les échecs thérapeutiques, mais surtout d’identifier les patients en succès virologique et permet donc de renforcer le maintien le plus longtemps possible d’une première ligne de traitement », précise-t-elle.
Dix laboratoires ont déjà été implantés dans 4 pays : Burundi, Cameroun, Côte d’Ivoire et Guinée. Plus de 240 cliniciens et techniciens de laboratoire ont été formés et environ 55 000 mesures de la charge virale ont été réalisées, ce qui montre que l’accès à la charge virale de façon adaptée et à des coûts réduits est possible dans les pays du Sud.
« La principale difficulté est en fait de convaincre les cliniciens d’effectuer les prélèvements sanguins, selon le Pr Rouzioux, la mesure régulière de la charge virale constitue en effet pour eux un changement complet de paradigme. Il leur faut tout repenser : le discours auprès des patients et des soignants, leurs pratiques, leur organisation... c’est une évolution qui est en marche. » La 2e phase du projet doit être lancée dans les prochaines semaines, avec pour objectif l’implantation de nouveaux laboratoires et l’augmentation du nombre de charges virales réalisées.
Les derniers résultats de l'étude ANRS-Parcours seront également discutés aux cours d'un symposium satellite organisé ce jeudi soir. L'étude Parcours avait déjà montré qu'un tiers des migrants séropositifs pour le VIH provenant d'Afrique subsaharienne s'infectent après leur arrivée en France. C'est de la relation entre la précarité de cette population et le risque d'infection qu'il sera question au cours du symposium.
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