Le sarilumab n’a pas montré de bénéfice à 14 jours sur le besoin de ventilation (mécanique ou non invasive) ou sur le risque de décès chez les patients atteints de Covid-19 hospitalisés, selon les résultats de l’essai français Corimuno publiés dans « Lancet Rheumatology ». Le sarilumab est un anticorps de synthèse bloquant l'interleukine-6 (IL-6) vendu sous le nom de Kevzara par le laboratoire Sanofi et indiqué dans la polyarthrite rhumatoïde.
Mené auprès de 148 patients, l’essai a comparé 68 patients pris en charge avec le sarilumab associé au traitement standard (âge médian de 61,7 ans) et 80 patients pris en charge avec le traitement habituel seul (âge médian de 62,8 ans). « Au jour 14, 25 (37 %) patients du groupe sarilumab et 26 (34 %) patients du groupe de soins habituels ont eu besoin d'une ventilation ou sont décédés (HR à 1,10) », est-il observé (différence non significative). Concernant le critère secondaire, la mortalité à trois mois, les auteurs relèvent qu’elle est « tendanciellement mais non significativement plus faible dans le groupe traité par sarilumab (15 % versus 21 % ; HR à 0,70) ».
La question d’une association avec des corticoïdes
Cet inhibiteur de l'interleukine-6 (anti-IL-6) est pourtant préconisé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans le traitement des formes graves de Covid-19, tout comme un médicament très proche, le tocilizumab (les deux en association avec la dexaméthasone).
Cette recommandation s'appuie sur une méta-analyse menée par le groupe de travail de l'instance « WHO Rapid Evidence Appraisal for COVID-19 Therapies » (REACT), publiée en juillet dernier dans le « JAMA ». Les résultats des 19 essais sur le tocilizumab suggéraient une diminution de la fréquence du recours à la ventilation mécanique invasive et une baisse de la mortalité à 28 jours. Mais les 9 essais sur le sarilumab n’avaient pas montré d’effet sur les risques de recours à la ventilation mécanique invasive ou de décès à 28 jours (OR à 1).
Pour expliquer cette différence entre deux traitements aux mécanismes d’action similaire, les auteurs avancent les modalités hétérogènes des essais. « Contrairement aux essais sur le tocilizumab, la plupart des essais sur le sarilumab ont été réalisés sans corticoïdes associés dans le cadre des soins habituels », soulignent les auteurs.
Ainsi, « un effet synergique entre les corticostéroïdes et les anticorps antirécepteurs de l'IL-6, mis en évidence dans la méta-analyse de l'OMS, pourrait expliquer un tel écart. Cependant, nous ne pouvons pas éliminer une différence subtile de mécanisme d'action entre les deux médicaments », poursuivent-ils.
Guyane : circulation silencieuse du poliovirus, la couverture vaccinale insuffisante
La néphroprotection intrinsèque aux analogues de GLP-1 clarifiée
Choléra dans le monde : moins de cas, plus de décès et pénurie de vaccins, une situation « profondément préoccupante » pour l’OMS
Traitement de la dépendance aux opioïdes : une meilleure observance pour la méthadone