« Un deuxième souffle pour l'hypertension artérielle », titrent dans « actualité et dossier en santé publique » le Dr Thierry Dénolle du centre d'excellence Rennes-Dinard et président de la Société française d'HTA (SFHTA) et le Pr Joël Ménard, ancien directeur général de la santé.
Les deux spécialistes expliquent pourquoi le dépistage et la prise en charge de l'HTA restent plus que jamais un problème de santé publique en France. Changement de mesure de la pression artérielle (PA), simplification des recommandations, place des objets connectés et de la télémédecine, efforts de recherche, « telles sont les raisons qui rendent souhaitable pour la France un plan de santé publique pour l'hypertension artérielle pendant deux à trois décennies », concluent-ils.
Même si la révolution dans l'HTA a eu lieu dans les années 1970, cela reste un grand enjeu sanitaire en France, comme dans le reste du monde. La Global Burden Disease 2015 a mis en avant une explosion d'HTA dans le monde entier, avec 874 millions d'individus ayant une PA systolique ≥140 mm Hg. Le « Lancet » a lancé un appel mondial fin 2016 en faveur d'une stratégie en 10 items développée par l'une de ses commissions.
Un groupe de travail planche depuis 6 mois
À son tour, au plan national, un groupe de travail de la SFHTA composé de 37 experts, a planché depuis 6 mois sur les efforts à faire à 10 ans pour améliorer la situation en France. Les propositions seront présentées les 14 et 15 décembre 2017 à Paris lors des 37es journées de l'hypertension artérielle.
En France, l’hypertension artérielle est la maladie chronique la plus fréquente avec 12 millions de personnes soignées. Alors que l’objectif proposé par les recommandations des autorités de santé est d’obtenir une pression artérielle systolique inférieure à 140 mm Hg, la moitié des patients hypertendus échappe encore à cet objectif.
L'un des enjeux majeurs est le changement de mesure de la PA. Cet objectif est un bouleversement technique mais aussi social, qu'il sera nécessaire d'accompagner sur le long terme, estiment les auteurs. « Le changement des méthodes de mesure de la tension artérielle est techniquement indispensable, mais touche un symbole majeur de l'exercice médical pratiqué et demandé par tous et toutes depuis près d'un siècle », écrivent les deux spécialistes.
Un changement technique et social
Quatre méthodes existent aujourd'hui en France. « iI faut maintenant peser les avantages, les inconvénients et les coûts de chacune (...) et faire des choix collectifs, citoyens et professionnels », analysent-ils. La méthode classique auscultatoire ou oscillométrique est la méthode de référence, mais « unique et avec un mauvais reflet de la charge tensionnelle réelle », est-il écrit.
La méthode oscillométrique répétée pendant 15 minutes au repos est en vogue et utilisée dans le dernier essai SPRINT des NIH, mais l'appareil est plus onéreux et difficile à généraliser en médecine générale. L'automesure tensionnelle à la maison est freinée par de très nombreux appareils en vente non homologués et la nécessité d'une éducation. Quant à l'enregistrement continu de la PA durant les 24 heures, c'est un gold standard mais aussi la technique la plus onéreuse et hors nomenclature en France.
Autre enjeu important, les recommandations actuelles, difficiles à appliquer en vie réelle, en particulier lorsque les sujets ont deux ou trois maladies. La classification binaire actuelle « est totalement insuffisante pour exprimer la diversité extrême des personnes hypertendues », est-il écrit. Or, à partir de la même littérature scientifique, les recommandations ne se superposent pas complètement. Selon les personnes, seuils et objectifs de traitement « pourront toujours être sujets à discussion », est-il expliqué. Pour les auteurs, il faudrait surtout pouvoir introduire « la possibilité de choix pour des patients mieux informés », est-il écrit.
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