Contrairement aux espoirs d’une fin prochaine de l’épidémie – c’est officiellement le cas au Liberia –, le nombre de cas d’Ebola est en hausse en Guinée et en Sierra Leone. Vingt-sept nouveaux cas confirmés et 12 décès ont été enregistrés entre le 11 et le 17 mai contre 7 dont 5 décès entre le 4 et le 10 mai. Même chose en Sierra Leone avec 8 nouveaux cas confirmés et 2 décès contre 2 cas confirmés et 2 décès la semaine précédente. Si l’on inclut les cas suspects et les cas probables, le nombre hebdomadaire de nouveaux cas est passé de 9 à 35 en Guinée, et de 79 à 438 en Sierra Leone. C’est « le plus fort total hebdomadaire de cas confirmés d’Ebola sur une période d’un mois », a déclaré l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans son dernier bilan. Et pour la première fois en cinq semaines un professionnel de santé, qui travaillait dans un centre de traitement d’Ebola près de Freetown (Sierra Leone), a été déclaré positif au virus de la fièvre hémorragique.
Plus de volontaires pour les essais vaccinaux
Ce rebond est une mauvaise nouvelle, mais il donne l’assurance que l’essai vaccinal sur le vaccin rVSV-EBOV (mis au point par l’agence de santé publique canadienne et exploité par Merck) lancé il y a deux semaines ne manquera pas de patients. Cet essai est conduit conjointement par Médecin sans Frontière (MSF), l’OMS, les ministères de la Santé du Canada et de la Norvège ainsi que le Wellcome Trust. Il se décompose en deux parties : une première, coordonnée par MSF, ciblant les travailleurs de première ligne, et une seconde, coordonnée par l’OMS, consistant à vacciner des proches de patients infectés.
Dans le cadre de l’essai « ceinture », les investigateurs identifient, pour chaque nouveau cas confirmé, entre 50 et 100 personnes en contact direct ou indirect (pas d’enfant, pas de femme enceinte) et leur proposent une vaccination. « Il y a deux semaines, nous n’étions pas certain de pouvoir aller au bout de l’étude, mais avec le nombre de cas observé la semaine dernière, nous devrions atteindre notre objectif de 190 ceintures, soit plus de 10 000 personnes », explique le Dr Marie-Paule Kieny, sous-directeur général à l’OMS. Pour l’heure, 2 000 personnes (50 ceintures) ont été vaccinées.
La moitié des patients sont vaccinés immédiatement, l’autre le sont 3 semaines après la confirmation biologique du cas. Le vaccin sera considéré comme efficace si une baisse de 70 % du nombre d’infection est observée entre les deux bras. « Nous ne testons pas qu’un vaccin mais aussi une stratégie vaccinale : la vaccination en ceinture pour limiter le risque de propagation, » explique le Dr Marie-Paule Kieny.
Une étude d’immunogénicité chez les travailleurs
Du côté de MSF, 400 travailleurs de première ligne ont d’ores et déjà été vaccinés sur les 1 200 recensés dans toute la Basse Guinée par le ministère de la santé guinéen. Le Dr Jean-Paul Jemmy, coordinateur médical des opérations pour l’association, précise : « Il s’agit d’une étude d’immunogénicité. Les travailleurs qui entrent dans l’étude doivent fournir un échantillon sanguin à intervalles réguliers. » Les premières données devraient être connues vers juillet. « À ce moment-là, le comité de surveillance et de suivi décidera si l’on poursuit la campagne de vaccination », explique le Dr Paul Marie Kieny.
Un troisième essai sur les rails
Dans les mois qui viennent, l’essai MSF/OMS pourrait se doubler d’un autre essai, promu par les Instituts américains de la santé (NIH), comparant l’efficacité du rVSV-EBOV et celle du cAd3-EBOZ développé par GSK. Un protocole d’accord a été signé entre les NIH et le centre René-Labusquière de médecine tropicale, pathologies infectieuses et vaccinologie (Université de Bordeaux), comme nous l’a confirmé le Pr Denis Malvy, du CHU de Bordeaux. Les chercheurs INSERM mèneront l’essai sur le terrain et devront faire face à un problème de taille : éviter les quelque 190 sites déjà vaccinés dans le cadre de l’essai MSF/OMS. Une rencontre s’est tenue à Paris, le 13 mai, entre les responsables des NIH, de MSF et de l’OMS, afin de discuter des modalités de mise en place de cet essai qui viserait 150 000 personnes.
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