Parvenir à débusquer le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) dans les lymphocytes où il se réfugie constitue un véritable challenge pour les chercheurs travaillant dans le domaine du sida.
Une des pistes explorées est la combinaison d'un vaccin couplé à l'activation des lymphocytes qui servent de refuge au virus. Aucune expérience in vivo n'avait toutefois encore été tentée, jusqu’à une étude publiée dans « Nature », dans laquelle Erica Borducchi, du centre de virologie et de recherche vaccinale (école médicale de Harvard), et ses collègues, décrivent une première preuve de concept chez le singe.
Les chercheurs ont observé que leur vaccin thérapeutique, une fois administré à 36 singes rhésus infectés par le virus de l'immunodéficience simienne (SIV), retardait le rebond virologique suivant l'arrêt d'une thérapie antirétrovirale initiée lors de la phase aiguë de l'infection (7 jours après l'exposition rectale au SIV). La prise du vaccin est associée à une forte augmentation de la réponse immunitaire spécifique au SIV, et à une diminution significative des taux d'ADN viral dans les nodules lymphatiques et le sang périphérique.
Stimuler pour mieux éliminer
Le vaccin utilisé par les chercheurs est une combinaison d'adénovirus Ad26 modifié et du virus de la vaccine Ankara. Cette vaccination se fait en parallèle de la stimulation des récepteurs TLR (Toll-like receptor), à l'aide d'un agoniste spécifique : le GS-986. L'activation des TLR a pour but de stimuler la réponse immunitaire innée et donc d'activer les lymphocytes dans lesquels se sont réfugiés les virus.
Lors de la phase aiguë de l'infection, les singes avaient une concentration virale médiane de 7,10 log copies par mL. Au bout de 24 semaines de traitement antirétroviral, les singes ont été répartis en 4 groupes : un groupe recevant le vaccin Ad26/MVA seul, un groupe recevant la combinaison vaccin + GS-986, un groupe recevant l'agoniste des récepteurs TLR seul et un groupe placebo.
Une augmentation de l'activité des CD8 + et CD4 + a été observée dans les deux jours qui ont suivi les injections de GS-986. Une observation confirmée par la hausse des concentrations sanguines en citokines pro-inflammatoires. La réponse immunitaire spécifique était par ailleurts multipliée par plus de 100 chez les singes des deux groupes recevant le vaccin Ad26/MVA.
Un délai de rebond plus de deux fois supérieur
La trithérapie a été stoppée à la 72e semaine, soit 48 semaines après l'intervention. Il a suffi d'attendre 10 à 14 jours pour que les singes du groupe placebo ou ne recevant que le GS-986 présentent un rebond de leur virémie. Les singes seulement vaccinés ont connu une augmentation non significative de ce délai moyen.
En revanche, les singes bénéficiant à la fois du vaccin Ad26/MVA et du GS-986 devaient attendre 10 à 25 jours avant de voir leur virémie rebondir. Les auteurs insistent sur l'éxistence d'une corrélation entre l'ampleur de la réponse immunitaire et la diminution de la charge virale.
« Notre but était de parvenir à une guérison fonctionnelle du VIH et pas à une éradication du virus », explique Dan Barouch, directeur du centre de virologie et de recherche vaccinale, qui a dirigé les travaux. « Nous essayons de développer une stratégie permettant une suppression à long terme de la charge virale, sans antirétroviraux », ajoute-t-il.
Un suspect récurrent
L'adénovirus est souvent cité pour sa relation particulière à l'infection par le VIH. Récemment encore, une étude publiée dans « Science Immunology » montrait que l'adénovirus de type 5 employé comme vecteur recombinant dans la mise au point de différents vaccins (dont ceux contre Ebola) était associé à des infections plus sévères par le VIH.
Le Dr Rafael Larocca, du centre médical Beth Israel de Boston, avait décrit dans cet article (également signé par Dan Barouche, Erica Borducchi et d'autres membres du centre de virologie et de recherche vaccinale de l'école médicale de Harvard) la manière dont l'adénovirus du type 5 induisait une activation anormale des cellules CD8 +, qui s'« épuisaient » rapidement.
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