L'HTA est banalisée en France et trop souvent perçue comme un simple facteur de risque cardio-vasculaire, s'inquiète la Société française de l'hypertension artérielle (SFHTA). Lors des 37es journées de l'HTA à Paris du 14 au 15 décembre, la société savante filiale de la Société française de cardiologie a présenté un travail collectif détaillant les actions nécessaires pour améliorer la prise en charge de l'affection.
Dix axes principaux et 60 propositions sont listés dans un document de 80 pages élaboré en moins de 6 mois par 37 auteurs, la plupart membres de la SFHTA. L'objectif de ce travail coordonné par le Dr Thierry Denolle, président de la SFHTA et par le Pr Joël Ménard, ancien directeur général de la santé (DGS), est de sensibiliser les autorités de santé, les décideurs politiques et les administrations de santé nationales et régionales. « C'est une construction de bas vers le haut », a souligné le Pr Joël Ménard.
Remboursement des appareils d'automesure
La SFHTA s'est mobilisée en réaction à une diminution de la prise en charge de l'HTA, notamment à une baisse préoccupante des dépenses de santé par antihypertenseurs. Il n'y a pas eu de véritable étude épidémiologique depuis 2008 et l'enquête Flash avait dégagé une tendance à la stagnation voire à la diminution du contrôle tensionnel. L'HTA reste la 2e cause de décès cardio-vasculaire en France.
Sur les 10 axes définis qui balaient très larges, celui sur le diagnostic est sans doute le plus important avec une proposition phare : le remboursement des appareils d'automesure tous les 5 ans sur prescription médicale pour les sujets hypertendus. L'objectif est de multiplier les mesures prises dans de bonnes conditions. Depuis 2011, il n'existe plus de liste d'homologation.
Autre axe majeur, l'évaluation de l'HTA devrait comporter la création d'un registre mais aussi un accès aux « big data » de l'Assurance Maladie, suggère la SFHTA. En matière de prévention, la place de l'HTA ne peut se concevoir que de manière globale, « avec une correction des inégalités sociales et géographiques », est-il précisé dans le document. Dès l'enfance, il s'agirait de sensibiliser en collaboration avec le ministère de la santé sur différents thèmes, sur les risques à manger trop salé, au tabagisme, au stress chronique, et aux bénéfices liés à une alimentation saine et à la pratique d'une activité physique régulière.
Améliorer le médicament
La SFHTA propose également que les traitements médicamenteux soient harmonisés, notamment pour le conditionnement et les couleurs variables d'un générique à l'autre et source de confusion pour les patients. De plus, les associations triples devraient pouvoir être remboursées chez les patients à haut risque cardio-vasculaire, comme c'est le cas dans la plupart des pays européens.
L'HTA chez la femme enceinte, qui tue encore les mères et les bébés en France, fait l'objet de deux propositions spécifiques pour optimiser la prise en charge. Ne sont pas oubliés l'organisation du parcours de soins avec une plus grande implication des pharmaciens et des infirmiers, l'innovation technologique, la formation des médecins, la recherche et les échanges avec les pays francophones.
Dès le mois de janvier, la SFHTA va établir son plan d'action lors de son conseil d'administration, l'objectif étant que toutes les cibles (ministères de la Santé et de l'Éducation, société européenne d'HTA, DGS, ARS, conseil de l'Ordre, HAS, ANSM, etc.) soient contactées courant 2018.
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