Comment améliorer le contrôle tensionnel chez des patients mal contrôlés malgré un traitement médicamenteux ? Avec des résultats positifs à deux mois, une étude internationale baptisée Radiance trio et publiée dans « The Lancet » ouvre une nouvelle perspective avec la dénervation rénale endovasculaire par ultrasons focalisés.
Ces travaux sont le fruit d'une collaboration franco-américaine de chercheurs AP-HP/Université de Paris/Inserm et de l'hôpital presbytérien à New York avec la start-up américaine ReCor Medical, sous la coordination du Pr Michel Azizi, chef de service du centre d'excellence en hypertension artérielle à l'hôpital Georges Pompidou.
La dénervation rénale par voie endovasculaire consiste à interrompre l'activité électrique des nerfs du système nerveux sympathique à destinée rénale en délivrant des ultrasons focalisés par l'intermédiaire d'un cathéter. Des premiers résultats positifs avaient été publiés dans la même revue en 2018 dans l'HTA légère à modérée.
Association à une trithérapie en un comprimé
Menée sur trois ans entre 2016 et 2020, cette nouvelle étude randomisée et contrôlée versus procédure factice (artériographie) a inclus 136 patients, dont 80 % d'hommes âgés en moyenne de 52 ans, ayant une HTA résistante (≥140/90 mmHg) malgré au moins trois antihypertenseurs : 69 dans le groupe dénervation rénale et 67 dans le groupe placebo. Au début de l'essai, avant la procédure, les participants ont basculé pour une trithérapie antihypertensive administrée en un seul comprimé (inhibiteur calcique + antagoniste du récepteur de l'angiotensine + thiazidique). Ni les patients ni l'équipe médicale assurant le suivi ne connaissaient le groupe auquel appartenaient les participants.
À deux mois, le groupe dénervation rénale présentait une plus forte baisse de la pression artérielle systolique quotidienne que les témoins, avec respectivement - 8,0 mmHg et -3,0 mmHg et une différence médiane de -4,5 mmHg entre les deux groupes. Deux tiers du groupe dénervation rénale ont eu une réduction de ≥ 5 mmHg contre 42 % des témoins. Plus d'un tiers (38 %) du groupe dénervation rénale a atteint une pression artérielle normalisée à deux mois sans introduction de nouvel antihypertenseur.
Suivi à plus long terme
À noter que l'observance médicamenteuse mesurée dans les prélèvements urinaires était identique dans les deux groupes. Il y a eu une seule complication au niveau de la ponction de l'artère fémorale (pseudoanévrisme), mais réversible.
La réduction tensionnelle est à confirmer à plus long terme chez ces patients à haut risque de complication, ce que fait le programme Radiance-II. « Le suivi à 6, 12 et 36 mois est en cours et donnera des indications sur le maintien à distance de la baisse tensionnelle », explique le Pr Azizi. Ces résultats dans l'HTA résistante conjugués aux précédents dans les formes plus modérées confirment selon lui l'effet positif de la dénervation rénale « dans tout le spectre de l'HTA », même s'il existe « une variabilité interindividuelle de la réponse sur laquelle nous travaillons ».
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