À partir des données de localisation de 14 opérateurs de téléphonie mobile européens, des scientifiques du Centre commun de recherche (JRC pour « Joint Research Center ») de la Commission européenne ont pu établir un lien entre la mobilité humaine et la propagation du SARS-CoV-2 et constater l’efficacité des mesures de confinement pour contenir l’épidémie. L’analyse des données permet également d’envisager des mesures mieux ciblées géographiquement pour les futures épidémies.
Leurs travaux, publiés sur le site de la Commission, se sont appuyés sur les données de téléphonie « agrégées et anonymisées » de 17 pays du continent*. Leur ambition était de comprendre la dynamique de l’épidémie et d’aider les États membres de l’Union européenne à élaborer une réponse coordonnée et adaptée à la situation épidémiologique de chaque pays.
La mobilité seule explique jusqu'à 92 % de la propagation initiale
Pour analyser la dynamique de l’épidémie, les chercheurs se sont particulièrement penchés sur les cas de la France et de l’Italie, deux pays où les données sur la surmortalité sont disponibles à une échelle locale (au niveau des départements pour la France et des municipalités pour l’Italie). En France, par exemple, ils ont analysé les mouvements entre le Haut-Rhin et le reste du pays et leur incidence sur la diffusion de l’épidémie, ainsi que sur la mortalité.
Il ressort de leur analyse que la mobilité à elle seule peut expliquer jusqu'à 92 % de la propagation initiale du SARS-CoV-2. Par ailleurs, la courbe de la surmortalité suit « parfaitement » celle de la réduction de la mobilité à la suite du confinement, avec un décalage de 14 à 20 jours.
Des « zones fonctionnelles de mobilité » à surveiller
Dans une seconde analyse, les scientifiques ont élaboré des schémas de mobilité de la population en Europe et proposent une analyse comparative entre la mobilité et le taux de reproduction du virus (R0). Ce dernier tend ainsi à se réduire avec la mise en place des restrictions de déplacement. À l’inverse, l’augmentation de la mobilité après la levée des mesures de confinement ne se traduit pas par une hausse du R0. Ce constat « peut s’expliquer par le recours accru aux mesures de protection et à la distanciation physique », avancent les auteurs, qui estiment qu’avec ces mesures, le rôle de la mobilité dans la propagation du virus devient secondaire.
L’analyse des schémas de mobilité géographique au sein de l’Union européenne met par ailleurs en évidence la nécessité d’une approche plus ciblée des mesures de restriction des déplacements. Ces derniers ne suivent que rarement les limites des circonscriptions administratives. Les données mobiles font en effet apparaître des « zones fonctionnelles de mobilité » qui apparaissent pertinentes afin de déployer des mesures pour contenir l’épidémie.
« Ces conclusions nous aideront à nous préparer à différents scénarios futurs, ce qui est essentiel dans le contexte de la reprise des voyages et de la réouverture des entreprises. Cette expérience est également un bon exemple des possibilités offertes par le partage de données entre entreprises et administrations, en particulier en période de crise », a commenté Thierry Breton, commissaire au marché intérieur.
*Autriche, Belgique, Bulgarie, Tchéquie, Croatie, Danemark, Estonie, Finlande, France, Allemagne, Grèce, Italie, Portugal, Slovénie, Espagne, Suède et Norvège
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