La nutrition participe à l'état de bien-être émotionnel et cognitif. Pour le démontrer, Sophie Layé, directrice de l'unité NutriNeuro (Inra Bordeaux-Aquitaine) et son équipe ont notamment créé -en partenariat avec des industriels- un questionnaire pour évaluer, mesurer et quantifier l'état de bien-être que procure l'alimentation à court et à long terme au sein d'une population sans pathologie spécifique. « Par ailleurs, grâce à une évaluation biologique, nous avons identifié des biomarqueurs sanguins prédicteurs du lien entre nutrition et bien-être. Les acides gras polyinsaturés (notamment, le DHA et l'EPA qui sont importants au niveau cérébral) sont très impliqués dans cette relation », explique Sophie Layé, directrice de l'unité NutriNeuro (Inra Bordeaux-Aquitaine).
Les dérivés des oméga 3 (DHA et EPA) sont connus pour leur action anti-inflammatoire au sein des cellules du cerveau. Les états inflammatoires cérébraux -induits par des pathologies chroniques ou de courte durée (telles que la grippe)- engendrent un changement de comportement important (mal-être, baisse d'intérêt pour l'environnement, diminution de la prise alimentaire…). « Dans le cas de la grippe, cette modification comportementale est souvent de courte durée (quelques jours, en général). Le retour à la normale implique un grand nombre de molécules (dérivés des oméga 3, notamment) permettant au système immunitaire, mais aussi, au cerveau, de stopper l'inflammation », souligne Sophie Layé. Ainsi, lorsqu'il existe une carence en oméga 3, ce retour à la normale risque de ne pas s'effectuer correctement : les cellules cérébrales peuvent, alors, rester dans un état d'inflammation chronique. Cet état est observé dans un grand nombre de pathologies (telles que l'obésité, le vieillissement, la dépression…).
Contrôler l'inflammation cérébrale
« Dans le cadre de notre travail sur les biomarqueurs, nous avons étudié les facteurs inflammatoires ayant une action sur le cerveau et sur les changements comportementaux mais aussi, tous les dérivés des oméga 3 qui peuvent contrôler cette inflammation au niveau cérébral. Les modèles animaux sont importants car ils nous permettent de comprendre, de façon précise, ce qu'il se passe au niveau des neurones et des autres cellules cérébrales », note Sophie Layé.
Dans le cerveau, certaines cellules de l'immunité -qui produisent des facteurs inflammatoires- sont très sensibles à l'environnement nutritionnel. C'est notamment le cas des cellules microgliales. Ces dernières produisent des facteurs inflammatoires pour s'activer et donc, protéger nos neurones des diverses situations de stress et d'agression. Cette action inflammatoire doit, néanmoins, rester transitoire car lorsqu'elle persiste, elle finit par tuer les neurones. Il y a donc un équilibre à atteindre pour permettre à la cellule microgliale de protéger le neurone et d'éviter de le tuer. « Nos travaux ont démontré que les oméga 3 apportés par l'alimentation en quantité suffisante permettent de contrôler et d'équilibrer l'activité des cellules microgliales dans le cerveau. Ces cellules jouent, par ailleurs, un rôle semblable aux macrophages : au cours du développement cérébral, elles éliminent les neurones surnuméraires morts (et donc toxiques pour les autres neurones). Et permettent également de favoriser les réseaux neuronaux en éliminant les épines dendritiques surnuméraires », précise Sophie Layé. Pour que cette capacité de phagocytose soit optimale, la cellule microgliale a besoin d'énergie et donc, d'apports réguliers suffisants en nutriments, en particulier en oméga 3. « Nos travaux (réalisés chez la souris) montrent que ces apports -essentiels dès la période périnatale- pourraient jouer un rôle important dans la prévention du déclin cognitif et de la dépression », conclut Sophie Layé.
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