La correction d'un déficit en vitamine C pourrait booster l'efficacité de certaines thérapies épigénétiques utilisées en hématologie, selon des chercheurs danois et américains.
Dans une étude publiée dans les « PNAS », les chercheurs montrent l'effet synergique anti-cancéreux de la vitamine avec les inhibiteurs des méthyltransférases de l'ADN (DNMTi en anglais, pour DNA methyltransferase inhibitor).
Il existe deux DNMTis utilisés en hématologie en France, l'azacitidine (Vidaza) et la décitabine (Dacogen), dans les leucémies aiguës myéloblastiques (LAM) non éligibles à la greffe de moelle.
L'azacitidine est également indiquée dans les myélodysplasies et leucémies myélomonocytaires chroniques. Seuls 50 % des patients répondent à l'azacitidine seule, d'où plusieurs essais cliniques testant différentes associations, que ce soit avec une chimiothérapie, une immunothérapie ou de la vitamine C.
Un petit essai clinique lancé au Danemark
Alors qu'un déficit en vitamine C se retrouve souvent au cours des cancers, l'équipe dirigée par Peter Jones (Institut de recherche Van Andel, Michigan) a constaté in vitro une activité anti-tumorale amplifiée lorsqu'une dose physiologique de la vitamine est ajoutée à de faibles doses d'un DNMTi, la décitabine. La prolifération cancéreuse était inhibée et l'apoptose augmentée.
Actuellement, un essai est en cours au Danemark (Rigshospitalet, Copenhague) chez des adultes ayant une myélodysplasie ou une LAM. Dans cette étude, le choix du DNMTi s'est porté sur l'azacitidine. L'idée est bien de corriger une carence et non de surdoser en vitamine C. Il est prévu que 20 patients soient inclus et les premiers résultats sont attendus à l'été 2017.
Élégant mais... prudence
« C'est vraiment super d'imaginer qu'il pourrait y avoir une approche simple et élégante d'aider les patients à se battre contre une myélodysplasie ou une LAM, estime Kirsten Gr nbaek, l'investigateur principal. Cependant, en tant que médecin, j'incite fortement les patients à attendre les résultats de l'essai clinique et de discuter de tout changement d'alimentation ou de supplémentation avec leurs médecins. »
Peter Jones, l'auteur principal, met lui aussi en garde : « Notre essai est limité à un sous-type particulier de patients ayant une myélodysplasie ou une LAM avec un traitement spécifique. On n'a aucune preuve que cette approche est appropriée pour d'autres cancers ou chimiothérapies. »
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